. La comédie humaine. un homme de quelque âge, de quelquerang que ce soit, avait dit Dumay, parle à Modeste, lalorgne, lui fait les yeux doux, cest un homme mort, jelui brûle la cervelle et je vais me mettre à la dispositiondu Procureur du Roi, ma mort la sauvera peut-être. Situ ne veux pas me voir couper le cou, remplace-moi bienauprès delle, pendant que je suis en ville. Depuis troisans, Dumay visitait ses armes tous les soirs. II paraissaitavoir mis de moitié dans son serment les deux chiens desPyrénées, deux animaux dune intelligence supérieure;lun couchait à lintérieur et lautre était pos


. La comédie humaine. un homme de quelque âge, de quelquerang que ce soit, avait dit Dumay, parle à Modeste, lalorgne, lui fait les yeux doux, cest un homme mort, jelui brûle la cervelle et je vais me mettre à la dispositiondu Procureur du Roi, ma mort la sauvera peut-être. Situ ne veux pas me voir couper le cou, remplace-moi bienauprès delle, pendant que je suis en ville. Depuis troisans, Dumay visitait ses armes tous les soirs. II paraissaitavoir mis de moitié dans son serment les deux chiens desPyrénées, deux animaux dune intelligence supérieure;lun couchait à lintérieur et lautre était posté dans unepetite cabane doù il ne sortait pas et naboyait point; mais MODESTE MIGNON. lheure où ces deux chiens auraient remué leurs mâchoiressur un quidam eût été terrible ! On peut maintenant deviner la vie menée au Chaletpar la mère et la fille. Monsieur et madame Latournelle,souvent accompagnés de Gobenheim, venaient à peu prèstous les soirs tenir compagnie à leurs amis, et jouaient au. whist. La conversation roulait sur les affaires du Havre,sur les petits événements de la vie de province. Entreneuf et dix heures du soir, on se quittait. Modeste allaitcoucher sa mère, elles faisaient leurs prières ensemble,elles se répétaient leurs espérances, elles parlaient duvoyageur chéri. Après avoir embrassé sa mère, la fillerentrait dans sa chambre à dix heures. Le lendemain, ^4 SCÈNES DE LA VIE PRIVEE. Modeste levait sa mère avec les mêmes soins, les mêmesprières, les mêmes causeries. A la louange de Modeste,depuis le jour où la terrible infirmité vint ôter un sens àsa mère, elle sen fit la femme de chambre, et déploya lamême sollicitude, à tout mstant, sans se lasser, sans ytrouver de monotonie. Elle fijt sublime daffection, à touteheure, dune douceur rare chez les jeunes filles, et bienappréciée par les témoins de cette tendresse. Aussi, pourla famille Latournelle, pour monsieur et madame Dumay,Modeste était-elle au mora


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