. Lettres d'une Peruvienne . e : je paûe fuccelTivement de la crain-te à la |oie,, & de la joie à linquiétude. Fatiguée de la confufion de mes idées,rebutée des incertitudes qui me déchi-rent, javois réfolu de ny plus penfer;mais comment rallentir le mouvementdune ame privée de toute communica-tion, qui nagit que fur elle-même, &que de fi grands intérêts excitent à ré-fléchir? Je ne le puis, mon cher Aza ,je cherche des lumières avec une agita-tion qui me dévore, &je me trouve fansceffe dans la plus profonde obfcurité. Jefjavois que la privation dun fens peutD 3 trom- m i F ^^


. Lettres d'une Peruvienne . e : je paûe fuccelTivement de la crain-te à la |oie,, & de la joie à linquiétude. Fatiguée de la confufion de mes idées,rebutée des incertitudes qui me déchi-rent, javois réfolu de ny plus penfer;mais comment rallentir le mouvementdune ame privée de toute communica-tion, qui nagit que fur elle-même, &que de fi grands intérêts excitent à ré-fléchir? Je ne le puis, mon cher Aza ,je cherche des lumières avec une agita-tion qui me dévore, &je me trouve fansceffe dans la plus profonde obfcurité. Jefjavois que la privation dun fens peutD 3 trom- m i F ^^ LETTRE : tromper à quel(Jues-égards, je vols né-SBmoins avec furprife que lufage desmiens mentraîne derreurs en erreurs^Lintelligence des Langues feroit-elleceljJede lame? O, cher Aza, quemesmal-heurs me font entrevoir de fâcheafes vé-rites ! mais que ces triftes penfées sé-loignent de moi ; nous touchons à la ter-re. La lumière de mes jours diffipera eftun moment les ténèbres qui LET- LETTRE X, SS LETTRE DIXIEME. JE fuis enfin arrivée à cette terre ,lobjet de mes dé, mon cherAza,mais je ny vois encore rjen qui, rnaij»nonce le bonheur que je men étois pro-5mis : tout ce qui s offre à lià es yeux mefrappe, me furprend, métonne, & neme laifTe quune impreffion vague, uneperplexité ftupide, donc je ne cherchepas même âme délivrer; mes erreurs ré-priment mes jugemens, je demeure in-certaine, je doute prefque de ce que jevois. A peine étions-nous fottis de la mai-fon flottante, que nous fommes encrésdans une ville bâtie fur le rivage de laMer. Le peuple qui nous fuivoic en fou-le, me paroît être de la même NationquehCacique, & les maifons nont aucu-ne reflèmblance avec celles des villes duSoleil: fi celles-là lesfurpalTent en beau-té par la richefle de leurs ornemens, ceî-D 4 les- 5^ L E T T R E X. m .K les-ci font fort au-deffus par


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