Revue de l'art chrétien . is conçu cette scènedune façon assez singulière : sur plusieurssarcophages () en effet, et sur les fresquesde quelques basiliques, nous trouvons leChrist debout, accompagné dun soldat :celui-ci lui pose sur le front,avec précaution,une couronne épaisse, qui semble faite dejoncs plutôt que dépines : rien nexprime,nindique même, la douleur de lHomme-Dieu. Limagier de Strasbourg avait-il connais-sance de quelquun de ces anciens modèles?Toujours est-il que laspect de son œuvre{voiv Ji£: j/) en évoque involontairementle souvenir : sa seule innovation consiste àavoir placé
Revue de l'art chrétien . is conçu cette scènedune façon assez singulière : sur plusieurssarcophages () en effet, et sur les fresquesde quelques basiliques, nous trouvons leChrist debout, accompagné dun soldat :celui-ci lui pose sur le front,avec précaution,une couronne épaisse, qui semble faite dejoncs plutôt que dépines : rien nexprime,nindique même, la douleur de lHomme-Dieu. Limagier de Strasbourg avait-il connais-sance de quelquun de ces anciens modèles?Toujours est-il que laspect de son œuvre{voiv Ji£: j/) en évoque involontairementle souvenir : sa seule innovation consiste àavoir placé aux côtés de Jésus deux per- 1. St-Laureiit de Nuremberg (/f^. 6). 2. Notamment un sarcophage du musée de Latran. sonnages au lieu dun seul, et davoir coiffélun deux du bonnet pointu des Juifs dumoyen âge. — Nous ne pouvons savoir sice type était traditionnel à cette époque,car nous ne connaissons guère de repré-sentations de ce sujet pendant tout leXllle siècle et le débutdu XIV^. — Mais,. Fig 53. — Porte de léglise de Stinga (lie de Gothland).(Cliché de M. C. E.\lart).Adoration des Mages. Flagellation. Déposition de croix. dès lépoque romane, limagier de Compos-telle avait adopté, sinon créé, un autre type,celui du Christ assis : dans son œuvre rudeet grossière, il nous montre la Victime surune sorte de chaise à accoudoirs ; un bour-reau, avec effort, lui enfonce sur le frontle douloureux et dérisoire diadème. Plus tard, à partir du XIV^ siècle, nousverrons Jésus figuré de même presquetoujours assis, mais de face, et pour mieux 20 îRebuc tir V^n cljrctiru. le mettre en évidence, on le placera sou-vent sur une sorte de petite estrade (Ulm,Nuremberg) entre deux valets qui, à laidede leviers, pressent sur sa tête la couronneépineuse ; parfois, des soldats savancenten rtéchissant le genou, par dérision (). En France, certains artistes ont au con-traire divisé les deux scènes du Couronne-ment dépines et de la moquerie
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