. Jean qui grogne et Jean qui rit . ux comme ça;le courage des autres vous en donne : je seraistriste et malheureux si je pensais que maman eûtdu chagrin de mon départ. Elle croit que je seraiheureux loin delle Calme, gai même, cest pos-sible; mais heureux, non. Sa tendresse et ses bai-sers me manqueront trop. » Pendant que Jean marchait au pas accéléré, quilréfléchissait, quil se donnait du courage et quilséloignait rapidement de tout ce que son cœuraimait et regrettait, Jeannot le suivait avec peine,pleurnichait, appelait Jean qui ne lentendait pas,tremblait de rester en arrière et se désola


. Jean qui grogne et Jean qui rit . ux comme ça;le courage des autres vous en donne : je seraistriste et malheureux si je pensais que maman eûtdu chagrin de mon départ. Elle croit que je seraiheureux loin delle Calme, gai même, cest pos-sible; mais heureux, non. Sa tendresse et ses bai-sers me manqueront trop. » Pendant que Jean marchait au pas accéléré, quilréfléchissait, quil se donnait du courage et quilséloignait rapidement de tout ce que son cœuraimait et regrettait, Jeannot le suivait avec peine,pleurnichait, appelait Jean qui ne lentendait pas,tremblait de rester en arrière et se désolait dequitter une famille quil naimait pas, une patriequil ne regrettait pas, pour aller dans une villequil craignait, à cause de son étendue, près duncousin quil connaissait peu et quil naimait guère. ET JEAN QUI RIT 27 « Je suis sûr que Simon ne va pas vouloir soc-cuper de moi, pensa-t-il ; il ne songera quà Jean,il ne se rendra utile quà Jean, et moi je resteraidans un coin, sans que personne veuille bien se. Jeannot le suivait avec peine, pleurnichait. charger de me Que je suis donc malheu-reux! Et jai toujours été malheureux? A deux ansje perds papa en Algérie ; à dix ans je perds ma-man. Cest ma tante qui me prend chez elle, laplus grondeuse, la plus maussade de toutes mes 28 JEAN QUI GROGNE tantes. Et ne voilà-t-il pas, à présent, quellemenvoie me perdre à Paris, au lieu de me garderchez elle. « Jean est bien plus heureux, lui; il est toujoursgai, toujours content; tout le monde laime; chacunlui dit un mot aimable. Et moi! personne ne meregarde seulement; et quand par hasard on meparle, cest pour mappeler pleurard, maussade,ennuyeux, et dautres mots aussi peu aimables. te Et on veut que je sois gai? Il y a de quoi,vraiment! Ma bourse est bien garnie! Deux francsque le curé ma donnés ! Et Jean qui ne sait seule-ment pas son compte, tant il en a! Tout le monde y a mis quelque chose, a dit ma tante Je suis bien malheureux ! rien ne


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