. Oeuvres diverses de Jules Janin. Voltaireétait le plus grand roi de son temps. Je me misun matin au nombre des esprits forts; je renonçaià ma vanité de grand seigneur pour admirer àmon aise le grand Frédéric; jaimai cet espritlibertin qui lui faisait affronter les dogmes lesplus profonds, les préjugés les mieux enracinés,les passions les plus gothiques. Pour moi, Fré-déric II représentait sur le trône la philosophiedu XVIIP siècle, ce XVIIP siècle si actif, siperverti, si puissant sur la destinée de lEurope,et dont on ne savait encore rien à tout cela, je vous prie; faites


. Oeuvres diverses de Jules Janin. Voltaireétait le plus grand roi de son temps. Je me misun matin au nombre des esprits forts; je renonçaià ma vanité de grand seigneur pour admirer àmon aise le grand Frédéric; jaimai cet espritlibertin qui lui faisait affronter les dogmes lesplus profonds, les préjugés les mieux enracinés,les passions les plus gothiques. Pour moi, Fré-déric II représentait sur le trône la philosophiedu XVIIP siècle, ce XVIIP siècle si actif, siperverti, si puissant sur la destinée de lEurope,et dont on ne savait encore rien à tout cela, je vous prie; faites quelquechose de tant déléments divers : tout cela, cestmoi, jusquà ce jour, grand seigneur et peuple,philosophe, esprit fort, prince de lempire, et mefigurant à moi-même que je méprisais la verrez que de misères et quelles faiblesses ily avait dans tout cela !... w ^ ^7^ ^?^ î^t ^(îiV^ ^^ ^.ZfM 1^ JflA^sA j^JT^V r8 i^> ^^ ^ ^sy^^ &ïfe<^^ ^0< CHAPITRE IV. COMMENCEMENT DE Mais, par Dieu, faites du feu si vousavez froid, et ne vous enrhumez pas! {Année 1768.) L me semble que je grandis vite, commetout le monde. Ce serait le cas de direici, à propos de ma jeunesse, quelquesmots de poésie; mais je ne saurais en dire. Jaitoujours admiré les jeunes gens qui, en commen-çant la vie, regardent le ciel, les eaux, les fleurs,tout cela avec des larmes dans le regard; jaitoujours aimé ces soupirs étouffés, ces élans versle ciel, ces tristesses indicibles dont tous les hérosde roman sont saisis sans savoir pourquoi. MoijJe nai rien senti de ces extases. Jeune, jétais vif,alerte, fantasque, colère; je nie parais, je dansais^je faisais le beau, jaimais à me produire dans lemonde, à parler du grand Frédéric^ à passer pour 36 BARNAVE. un philosophe. En effet, jétais un grand philo-sophe; javais beaucoup réfléchi, selon la coutumedu temps, à Fêtre et au non-être, à la substance età la matière ; je savais par cœur


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