L'Eloge de la Folie : composé en forme déclamation . les Philofophes ! Ne manquezpas au refpeft dû à leur barbe, & à leur fe vantent, que toute la SageiTe eft renferméedans leur petit Troupeau. Excepté nous^ difent-ils fièrement, tous les hommes ne font que des om^bres dhumanité. Tirons ce rideau dorgueil & depréfomption : que font les Philofophes ? Dagréa-bles fous. On ne peut tenir fon férieux, lorsquonles entend foutenir gravement linfinité des Mon-des : le Soleil, la Lune, les Etoiles, les Globes,tous ces vaftes Corps leur font connus comme silsles avoient mefurez avec le pouce


L'Eloge de la Folie : composé en forme déclamation . les Philofophes ! Ne manquezpas au refpeft dû à leur barbe, & à leur fe vantent, que toute la SageiTe eft renferméedans leur petit Troupeau. Excepté nous^ difent-ils fièrement, tous les hommes ne font que des om^bres dhumanité. Tirons ce rideau dorgueil & depréfomption : que font les Philofophes ? Dagréa-bles fous. On ne peut tenir fon férieux, lorsquonles entend foutenir gravement linfinité des Mon-des : le Soleil, la Lune, les Etoiles, les Globes,tous ces vaftes Corps leur font connus comme silsles avoient mefurez avec le pouce, ou avec un fil :ils vous rendent raifon des Tonnerres, des Vents,des Eclipfes, & de tous les autres myfteres de hPhyfîque^ ils ne héfitentfur rien: op simagineroit,quils étoient du Grand Confeil des Dieux, quilsétoient les Secrétaires de la Nature ^ lorsque tout I 4 pafla I. Vn StentoKl Homère le reprëfente comme le plus grand des Criards?& dont la voix égaloit les voix de cinquante hommes. Ip L*E L O G E ^. palTa du Néant à lEtre. Cependant, cette habileOuvrière de lUnivers fe moque de leurs conjeftu-res. En effet, il fuffit de refléchir fur léti angecontrariété de leurs fentimens, pour tomber dac-cord ^ quils nont aucune connoifTance certaine. vantent de favoir tout, & ils ne saccordent furpen. Les Philolbphes ne fe connoiiTent pas eux- mê- DE laFoli:e. i:>j mêmes : pendant quils sélèvent aux plus hau-tes fpécnlations, ils tombent dans une fofle quilsne voyoient pas, ou ils fe caffent la tête contre unepierre. Quoiquils fe foient gâté.la vue à force deregarder la Nature de trop près, &: quoique leurlefprit foit prefque toujours en voyage/ ils ne laif-fent pas de bien diftinguerles IdéesylcsUniverfaux^lesi Formes fubjîanîieiïes , la Matière première .^ lesEcceïtez^ les guidaitez^ les Entitez^ tous obiets 11menus, que, fi je ne me trompe, on ne pourroitpas les appercevoir avec des yeux de i ynx. Maisjamais ils ne mar


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