Aymeris : roman . rge. Et ladagio de lopus 107 déroule son ample mélodie despé-rance et damour, après les hoquets et les spasmes, les arrêts et lesreprises, les battements du cœur. Ce nest pas un pianiste qui linterprète, ce sont les notes qui sani-ment, comme delles-mêmes. Je nai jamais rien entendu daussi nest plus ici-bas, tout à coup elle senvole dans la nue. Cest sainteCécile. Je nose souffler mot quand elle a fini. Elle attaque un autre qua-tuor, cela pourrait durer indéfiniment. Elle est incomparable, aussi, dansle Chopin. La Ballade! Elle me dit : — Ceci est pour vous, Georg
Aymeris : roman . rge. Et ladagio de lopus 107 déroule son ample mélodie despé-rance et damour, après les hoquets et les spasmes, les arrêts et lesreprises, les battements du cœur. Ce nest pas un pianiste qui linterprète, ce sont les notes qui sani-ment, comme delles-mêmes. Je nai jamais rien entendu daussi nest plus ici-bas, tout à coup elle senvole dans la nue. Cest sainteCécile. Je nose souffler mot quand elle a fini. Elle attaque un autre qua-tuor, cela pourrait durer indéfiniment. Elle est incomparable, aussi, dansle Chopin. La Ballade! Elle me dit : — Ceci est pour vous, Georges {mon nom dans sa bouche!) pourvous seul. Vous savez que je ne joue sous aucun prétexte en présence depersonne. La musique est pour moi seule. Supposez que je croie que vousnêtes pas là. Elle a des façons de dire ce quelle ne veut pas dire. Est-ce que jeme trompe? Les femmes se complaisent au brouillamini. Avant de con-naître Lucia, je ne faisais guère de différence entre une femme et un 148. homme, du point de vue moral; les femmes, cétaient les mères, lesépouses, les modèles ; comme il y a des pères, des époux, des Italiens,dans les ateliers, chacun ayant sa fonction et son rôle. Tout à coup, len-nemie, lincompréhensible créature de mystère sort de son enveloppede brouillard. Serait-ce là ce que M. Vinton, dans ses lithographies, tentede réaliser : un homme {généralement au bas de la composition)^ noirdans lombre, les bras suppliants, la tête tendue, sétire vers une appari-tion; une image féminine, diaphane, mi-réelle, vaporeuse, se forme dansla lumière : cest une théophanie, mot que Christophe Fioupousse affec-tionne. On sent que, dès que le saint Antoine la touchera, la bulle lumi-neuse se crèvera. Lhomme veut prendre; il ne saisira que de lair entreses doigts. Et Mme Vinton, avec sa robe de mérinos, ses lunettes, faitbouillir le lait, prépare les rôties, tandis que Vinton boutonne sa vareuse,de peur des coryzas, et souffle c
Size: 1527px × 1637px
Photo credit: © The Reading Room / Alamy / Afripics
License: Licensed
Model Released: No
Keywords: ., bookcentury1900, bookdecade1920, bookidaymerisroman, bookyear1922