Théophile Gautier . on admiration : Saint-Amant navait-il point compris le premier la poésie de lamer à une époque qui faisait si peu de cas de la natureque Fénelon ayant à décrire un site agreste ne trouvait àdire que ceci : « Un paysage fait à souhait pour le plai-sir, des yeux»? Scarron navait-il point parlé que de lui-même dans un siècle où il était de bon ton de seffacer,dêtre impersonnel si lon voulait passer pour un honnêtehomme ? Certainement, Gautier qui, comme nous le verrons plusloin, jugeait sans bienveillance, et avec une prodigieuseverdeur de langage, les grands écrivains consacr


Théophile Gautier . on admiration : Saint-Amant navait-il point compris le premier la poésie de lamer à une époque qui faisait si peu de cas de la natureque Fénelon ayant à décrire un site agreste ne trouvait àdire que ceci : « Un paysage fait à souhait pour le plai-sir, des yeux»? Scarron navait-il point parlé que de lui-même dans un siècle où il était de bon ton de seffacer,dêtre impersonnel si lon voulait passer pour un honnêtehomme ? Certainement, Gautier qui, comme nous le verrons plusloin, jugeait sans bienveillance, et avec une prodigieuseverdeur de langage, les grands écrivains consacrés dutemps de Louis XIV, était plein de sympathie pour cesGrotesques méconnus, et il prenait plaisir à chercher des LES JEUNES-FRANCE 49 perles dans leur fatras, comme il le disait lui-même audébut de son François Villon : « Ce nest guère que dans le fumier que se trouvent lesperles, témoin Ennius. Pour moi, je préférerais les perlesdu vieux Romain à tout lor de Je trouve un. Vif. Théophile de Célestin Nanteuil. singulier plaisir à déterrer un beau vers dans un poètméconnu; il me semble que sa pauvre ombre doit êtreconsolée et se réjouir de voir sa pensée enfin comprise;cest une réhabilitation que je fais, cest une justice queje rends; et si quelquefois mes éloges peuvent paraîtreexagérés à certains de mes lecteurs, quils se souviennent 50 THÉOPHILE GAUTIER que je les loue pour tous ceux qui les ont injuriés outremesure, et que les mépris immérités provoquent et jus-tifient les panégyriques » Lui qui savait tout et qui en arrivait peu à peu à cettesûreté de jugement déconcertante, il se rendait comptedéjà que ces Grotesques, ces réfractaires du temps deRacine et de Boileau, étaient peut-être les vrais ancêtresdu romantisme, les premiers introducteurs de la poésielyrique et pittoresque dans les lettres françaises duxvii« siècle. Comme les romantiques, ils sétaient aper


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