Causeries avec mes élèves . es champs verts. 11 souriaitaussi dans lâme de Perrette, lalaitière: elle formait de doux rêvespour elle et pour sa petite fille en-dormie, qui rêvait comme elle etsouriait dans le sommeil de son ber-ceau. Mais Perrette rêvait toutéveillée. Ne le faites-vous jamais,mademoiselle ? — Oh î bien souvent.— Et vous, mon ami? — Je ne rêvepas quand je suis éveillé. — Attendez ; ils viendront lesrêves et les châteaux en Espagne. Faire des châteaux enEspagne est un des grands bonheurs de la vie. La réalitéest si souvent triste ; cest la prose. — Le château en Es-pagne, monsie


Causeries avec mes élèves . es champs verts. 11 souriaitaussi dans lâme de Perrette, lalaitière: elle formait de doux rêvespour elle et pour sa petite fille en-dormie, qui rêvait comme elle etsouriait dans le sommeil de son ber-ceau. Mais Perrette rêvait toutéveillée. Ne le faites-vous jamais,mademoiselle ? — Oh î bien souvent.— Et vous, mon ami? — Je ne rêvepas quand je suis éveillé. — Attendez ; ils viendront lesrêves et les châteaux en Espagne. Faire des châteaux enEspagne est un des grands bonheurs de la vie. La réalitéest si souvent triste ; cest la prose. — Le château en Es-pagne, monsieur, est-il un château en lair ou un château decartes ? — Pas exactement. Il est bien loin, bien loin, dansle pays des chimères. Le château en Tair est sans fonde-ments ; comment bâtir sans fondements ! —Et le châteaude cartes? — Oh! celui-là est facile à construire, maisprenez garde, ne rémuez> pas ; le moindre souffle qui pas-sera va le renverser, et vous voilà sur des ruines !. ^Éi> 68 CAUSERIES AVEC MES ÉLÈVES. Un matin donc, Perrette sen allait au marché à laville voisine. Elle portait sur sa tête un pot au lait, bienposé sur un coussinet. Elle était légère et court vê marchait à grands pas. Pour être plus agile, elleavait des souliers plats. Nest-elle pas gentille dans cocostume-là ? Voici les châteaux en Espagne, les douxrêves quelle formait dans son imagination. Elle ne possé-dait au monde rien que son pot de lait. Cen est assezpour construire une grande fortune. Nous allons voir :écoutons la rêver. Elle va vendre son lait : avec largentde ce lait elle achète un cent dœufs ; elle fait triple couvée ;la chose marche à merveille. Elle élève des pouletsautour de sa maison; et bientôt avec largent que luidonnent les poulets, elle achète un cochon, et pas un petitcochon ; elle croit déjà avoir son cochon depuis longtemps,et elle dit : Il était quand je leus, de grosseur le v


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