. XVIIIe Siècle, Galant et Littéraire. moment les larmes couvrent mes pru-nelles en sentant tirer mes cheveux, lautre moment la joyebrille dans mes yeux, en voyant les boucles se former. Javotte,me dit ma compagne, voilà un minois à faire fortune, penses-ybien, mais ma fille, défais-toi de tes airs communs, et de tesbasses expressions. Les hommes veulent des manières. Je nelécoutai pas alors, je ne moccupai toute la journée quà meregarder dans les glaces, à raccommoder les boucles déran-gées, et à étudier la position de tête, qui pourroit le mieuxfaire valoir mon accommodage et mes charmes. Su


. XVIIIe Siècle, Galant et Littéraire. moment les larmes couvrent mes pru-nelles en sentant tirer mes cheveux, lautre moment la joyebrille dans mes yeux, en voyant les boucles se former. Javotte,me dit ma compagne, voilà un minois à faire fortune, penses-ybien, mais ma fille, défais-toi de tes airs communs, et de tesbasses expressions. Les hommes veulent des manières. Je nelécoutai pas alors, je ne moccupai toute la journée quà meregarder dans les glaces, à raccommoder les boucles déran-gées, et à étudier la position de tête, qui pourroit le mieuxfaire valoir mon accommodage et mes charmes. Sur le soir Mademoiselle Villers rentra chez elle, et futfrappée dadmiration à mon aspect. Cette petite morveuse-làest trop jolie, dit-elle à ses filles; aucune de vous na unefigure comme celle-là, ajouta-t-elle dun ton aigre; aussi enferai-je quelque chose, jen veux parler à mon Financier; à cesmots elle se tut, et senferma dans un cabinet pour écrire. Lereste de la soirée se passa sans autres propos qui parussent. me regarder directement. Elle me dît seulement de me lever le lendemain du matin et de venirlui parler. Jy fus en effet de bonneheure. Elle me fit asseoir à côté de sonlit, et me dit : jai à vous entretenir dechoses importantes; puis me fixant,et me prenant la main, elle ajouta :vous nêtes pas richC; Javotte, et ilfaut profiter des avantages que vousdevez à la nature, ce seroit vous enrendre indigne que de ne pas les fairevaloir. Jai dessein de vous obliger,je veux que vous me deviez votre for-tune, voyez, ma chère enfant, si vouspouvez correspondre à mes bontés. On a beau dire, soit pré-jugé ou sentiment, le cœur se révolte dabord contre ce quinous écarte de la vertu. Je ne répondis que mollement auxpremières offres de Mademoiselle Villers, je soupirai même,et javoue naturellement que mes soupirs nont jamais eu unesi belle cause. Il ne sagit point de faire la sotte, reprit la Coëffeuse, il fautpenser à vous, ma fille, le te


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