Gazette des beaux-arts . ; le trépignement rhythmé desinfanteries en marche, et ces grandes harmonies que produisent, dans lesrégiments alignés, la symétrie des attitudes, léquivalence des formes, laparité des couleurs. Il résolut de bonne heure dêtre un peintre desoldats, un chanteur de victoires, et, avant de raconter des batailles, ilvoulut connaître de près la grande muse de la guerre — la mort. Cestalors quil fit daprès nature ces études quon a pu voir récemment à savente, et qui, par leur exécution tant de fois répétée, disent assez quelleétait sa conscience, quel était lacharnement de s


Gazette des beaux-arts . ; le trépignement rhythmé desinfanteries en marche, et ces grandes harmonies que produisent, dans lesrégiments alignés, la symétrie des attitudes, léquivalence des formes, laparité des couleurs. Il résolut de bonne heure dêtre un peintre desoldats, un chanteur de victoires, et, avant de raconter des batailles, ilvoulut connaître de près la grande muse de la guerre — la mort. Cestalors quil fit daprès nature ces études quon a pu voir récemment à savente, et qui, par leur exécution tant de fois répétée, disent assez quelleétait sa conscience, quel était lacharnement de son laborieux esprit. Ilobtint que la tête dun jeune soldat, mort à lhôpital, lui fût confiée; ilsenferma avec ce livide trésor, et là, seul devant cette chose sans nom,il essaya, à dix reprises différentes, den reproduire le rictus funèbre,les pâleurs étranges, le mystère douloureux. Ainsi font les chercheurs,ainsi font les forts. Raffet, en ce dur travail, sentit couler dans sa veine. H GAZETTE DES BEAUX-ARTS. un peu du sang qui avait bouillonné dans celle de Géricault. Historien debatailles, il avait voulu apprendre à « tuer son homme : » dès ce jour-là , il le sut. Mais létude du cadavre nen disait pas encore assez à son ardentesprit. Il lui fallait voir les grands spectacles de la lutte, il fallait quilles admirât, dans laccès de leur fièvre inspirée, ces soldats quil aimaittant. En 1832, il eut la curiosité, instructive pour tous et surtout pourun artiste tel que lui, dassister au siège dAnvers. Il y fit beaucoup decroquis, et il en rapporta de nombreux souvenirs quil utilisa lannéesuivante. La série des lithographies relatives à la prise dAnvers ne futexposée quau Salon de 1835, une des rares expositions où le nom deRaffet ait figuré au livret. Le succès fut, non pas populaire (Raffet ne lajamais été autant quon la dit), mais, du moins, il fut digne de sa ten-tative. Ces dessins impressionnèrent vivement les jug


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