Histoire de Pierre de Montmaur . L E BARBON A première chofe quil fit, étantde retour du Collège, & ayantappris à faire des argumens, cefut de donner des démentis enforme à fon père 6c à fa mère ,& de les contredire, quand mê-ine ils étoient de fon opinion, de peur quonne crût quil fût de la leur. Le confentementà quoi que ce foit ne lui fembla pas être dela dignité dun Philofophe , ôc il simaginaque fur-tout il falloit séloigner du fens com-mun, parce quil ne faut rechercher que les!çhofes rares. Le mot de Commun le dégoûta filfqrç de celui de Sens, que dès lors il fe rcfolutlsde nen point av


Histoire de Pierre de Montmaur . L E BARBON A première chofe quil fit, étantde retour du Collège, & ayantappris à faire des argumens, cefut de donner des démentis enforme à fon père 6c à fa mère ,& de les contredire, quand mê-ine ils étoient de fon opinion, de peur quonne crût quil fût de la leur. Le confentementà quoi que ce foit ne lui fembla pas être dela dignité dun Philofophe , ôc il simaginaque fur-tout il falloit séloigner du fens com-mun, parce quil ne faut rechercher que les!çhofes rares. Le mot de Commun le dégoûta filfqrç de celui de Sens, que dès lors il fe rcfolutlsde nen point avoir, & de laiflèr cette quali-P%é vulgaire aux perfonnes médiocres. S3étant ainfi défait de la principale piècede lefprit humain , il prit dans la fcienc<|e plus incroyable pour le plus beaq. Le ma l. LE BARBON. 89 malades ne fongent rien de fi monftrueux,quil nafiûrât avec ferment : Il juroit par Ju-piter & par tous les Dieux & toutes les Dé-eflès, que cela étoit. Les mauvais Sophifmes,qui font les jouets des Ecoliers, étoient les ar-mes de ce Dodteur: il en attaquoit fes meil-leurs Amis, à table , en converfation , danslEglife, & jufquau pie des Autels. Les ri-dicules fubtilitez étoient propofées par lui fé-rieufement , ôc avec une graviié de ConfulRomain. Tantôt ilvouloit prouver que la nei-ge étoit noire , quelquefois que le feu né-toit pas chaud, & fouvent que fon père avoîtdes cornes, Se que fa mère avoit de la avez, leur difoit-il, ce 7*0 vous tfavez*pas perdu ; lon; rfavez pas perdu des cornes , ohde la barbe ; 1rous en avez. donc. Après avoir épouvanté de ces termes cap-tieux deux personnes fimples , qui les pre-noient pour des enchantemens, ou pour desprodiges, il fut fur le point de changer denom ôc de Pais, & de fe fa


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