. Souvenirs d'un otage; . l mesembla discerner, penché devant un petit poêlede fonte, un vieillard transi, une pèlerine sur ledos, qui fendait du bois en saidant dun groscouteau sur lequel il frappait avec une bû 62 Je me trompais. Celui que, dans cette pénom-bre, javais pris pour un vieillard sétait redres-sé, en nous entendant entrer. A le voir debout,très droit, avec un grand air de dignité simple,jeus un sursaut, â Monsieur Noël ! Eh oui, je me trouvais en présence de M. Noëlmaire de Noyon, sénateur de lAisne, directeurde lEcole centrale. Depuis des années, je le con-na
. Souvenirs d'un otage; . l mesembla discerner, penché devant un petit poêlede fonte, un vieillard transi, une pèlerine sur ledos, qui fendait du bois en saidant dun groscouteau sur lequel il frappait avec une bû 62 Je me trompais. Celui que, dans cette pénom-bre, javais pris pour un vieillard sétait redres-sé, en nous entendant entrer. A le voir debout,très droit, avec un grand air de dignité simple,jeus un sursaut, â Monsieur Noël ! Eh oui, je me trouvais en présence de M. Noëlmaire de Noyon, sénateur de lAisne, directeurde lEcole centrale. Depuis des années, je le con-naissais et je lestimais. A le retrouver dans cettecasemate, je ressentis tout à la fois une impres-sion de chagrin et de réconfort. Je ne serais doncpas seul ! â Sous quel prétexte avez-ous été arrêté ?me demanda-t-il après les premières effusions. Dun trait, je lui récitai la phrase mentionnéesur lordre darrestation : « Vous êtes soupçonné davoir commis de,sactes semblables à ceux pour lesquels des su-. Devant un petit poêle de fonte, un vieillard, transi,fendait du bois. â 55 â iets allcinaiids ont subi, contre tout droit, l/ipeine capitale au Maroc. » â Cest comme moi, dit-il. Ktes-vous allé auMaroc ? â Jamais ! Et vous ? â Ni moi non plus ! â Vous savez, du moins, ce que veulent dire :« des actes semblables à ceux pour lesquels dessujets allemands, etc. ? » â Je nen sais pas plus que vous ! Evidemment, linculpation nétait quun pré-texte. Nos persécuteurs ne sétaient pas donnéla migraine pour imaginer une si pauvre en remplissant de bois le petit poêle, carun froid mortel tombait des voûtes et nous jetaitun manteau de glace sur les épaules, nous fîmescette observation que dautres prisonniers étaientcertainement attendus. Une dizaine de lits, enbois ou en fer, sans sommier, ni draps, ni cou-vertures, salignaient perpendiculairement auxmurs
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