. Petites tailles et grands coeurs, 1914! . oi pour le repas de midi. Dans le vastebureau il y a encore du monde à plusieurs guichets;dautres sont déjà fermés. Ces deux enfants aux allures si polies sous desvêtements aussi malpropres, dont le visage semblesi triste et si bon, et qui errent ensemble de guicheten guichet sans savoir auquel sarrêter, ne peuventpas manquer dattirer lattenlion : on se détourne,on les regarde. Un vieil employé qui allait partirpour déjeuner les interpelle un peu brusquement : « Quest-ce que vous cherchez, petits? HUBERT. Cest pour la poste restante, monsieur, sil vo


. Petites tailles et grands coeurs, 1914! . oi pour le repas de midi. Dans le vastebureau il y a encore du monde à plusieurs guichets;dautres sont déjà fermés. Ces deux enfants aux allures si polies sous desvêtements aussi malpropres, dont le visage semblesi triste et si bon, et qui errent ensemble de guicheten guichet sans savoir auquel sarrêter, ne peuventpas manquer dattirer lattenlion : on se détourne,on les regarde. Un vieil employé qui allait partirpour déjeuner les interpelle un peu brusquement : « Quest-ce que vous cherchez, petits? HUBERT. Cest pour la poste restante, monsieur, sil vousplaît? « La voix émue du pauvre enfant, et le ton si con-venable de sa demande, frappent lemployé. Ilreprend en les regardant fixement : « Yous êtes desréfugiés, peut-être bien? Vous attendez des nou-velles? La poste restante, cest mon service, seule-ment, vous venez à une mauvaise heure, je menvais, le bureau va fermer. Yous ne pourriez pasrevenir vers deux heures? » Une si douloureuse expression passe^sur le visage. If^ ^^^ /^^# Larthç rejoint Hubert en trois pas. n DEUX DÉMARCHES. 163 des deux frères, que lemployé devine à peu prèsleur malheur : ce doit être deux enfants qui cher-chent leurs parents. Hélas I le cas sest présentéplus dune fois parmi ces foules poussées, par lin-vasion, à laventure des routes, comme les feuillesdautomne sous la violence de louragan. Il dit avec bonté : « Voyons, de qui et doù atten-dez-vous une lettre? » Hubert se reprend à espérer, et, malgré sonémotion, il parvient à raconter encore une fois, enquelques mots, sa douloureuse histoire. Lemployé hoche la tête : elles sont si fragiles,les espérances des pauvres petits! Mais il ne veutpas ajouter à leur peine, il rentre dans son bu-reau et il cherche la lettre si improbable et sidésirée ! Il ny a rien au nom de Jacquemet. « Il ne faut pas désespérer pour cela, les temps où nous sommes, on ne peut pascompter sur un service régulie


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