. Maria Chapdelaine : récit du Canada français. rtaitcomme un présent magnifique un monde éblouissant,la magie des villes; il la délivrerait de laccablementde la campagne glacée et des bois Elle ne pouvait se résoudre encore à se dire : « Jevais épouser Lorenzo Surprenant. » Mais en vérité sonchoix était fait. Le norouâ meurtrier qui avait ense-veli François Paradis sous la neige, au pied de quelquecyprès mélancolique, avait fait sentir à Maria dumême coup toute la tristesse et la dureté du pays quellehabitait et lui avait inspiré la haine des hivers duNord, du froid, du sol blanc,


. Maria Chapdelaine : récit du Canada français. rtaitcomme un présent magnifique un monde éblouissant,la magie des villes; il la délivrerait de laccablementde la campagne glacée et des bois Elle ne pouvait se résoudre encore à se dire : « Jevais épouser Lorenzo Surprenant. » Mais en vérité sonchoix était fait. Le norouâ meurtrier qui avait ense-veli François Paradis sous la neige, au pied de quelquecyprès mélancolique, avait fait sentir à Maria dumême coup toute la tristesse et la dureté du pays quellehabitait et lui avait inspiré la haine des hivers duNord, du froid, du sol blanc, de la solitude, des grandesforêts inhumaines où tous les arbres ont laspect desarbres de cimetière. Lamour — le vrai amour — avaitpassé près Une grande flamme chaude et clairequi sétait éloignée pour ne plus revenir. Il lui en étaitresté une nostalgie, et maintenant elle se prenait àdésirer une compensation et comme un remède léblouis-sement dune vie lointaine dans la clarté pâle des cités. 184. u XIV N soir davril la mère Chapdelaine refusa dese mettre à table avec les autres à lheure du souper. — Jai mal dans le corps et je nai pas faim,dit-elle. Je pense que je me suis forcée en levant lapoche de fleur aujourdhui pour faire le pain; mainte-nant je sens quelque chose dans le dos qui me je nai pas faim. Personne ne répondit rien. Les gens qui viventdune vie facile sont prompts à smquiéter dès quechez lun dentre eux le mécanisme humain se dérange ;mais ceux qui vivent sur la terre en sont venus à trouver 185 34 presque naturel que parfois leur dur métier les surmèneet que quelque fibre de leur corps se rompe. Pendantque le père et les enfants mangeaient, la mère Chapde-laine resta immobile sur sa chaise, près du poêle. Ellehaletait un peu et sa figure grasse saltérait. — Je vas me coucher, dit-elle bientôt. Une bonnenuit et demain matin je serai correcte, certain! Tuguetteras la cuite, Maria. L


Size: 2133px × 1171px
Photo credit: © The Reading Room / Alamy / Afripics
License: Licensed
Model Released: No

Keywords: ., bookauthorhmonloui, bookcentury1900, bookdecade1920, bookyear1922