Le vieux Montmartre . nir,pour rien, — et puis dune voix grassseyante mur-murent : « Noubliez pas mon petit pourboire ». Lesétalages dobjets bénis, les restaurants aux ensei-gnes inspirées par la vie des saints nont rien detentant et lon passe. Vers léglise la cohue augmente,les petites orphelines qui habitent là, tout prèspassent, une troupe régulière conduite par lessœurs aux coiffes blanches, et soudain le son lamen-table dun accordéon grince et gémit. Ce sont deuxvieilles mendiantes, vêtues de noir, lune est ont fait leur pays de ce coin de la Butte, et,véritables marchandes


Le vieux Montmartre . nir,pour rien, — et puis dune voix grassseyante mur-murent : « Noubliez pas mon petit pourboire ». Lesétalages dobjets bénis, les restaurants aux ensei-gnes inspirées par la vie des saints nont rien detentant et lon passe. Vers léglise la cohue augmente,les petites orphelines qui habitent là, tout prèspassent, une troupe régulière conduite par lessœurs aux coiffes blanches, et soudain le son lamen-table dun accordéon grince et gémit. Ce sont deuxvieilles mendiantes, vêtues de noir, lune est ont fait leur pays de ce coin de la Butte, et,véritables marchandes de mort dans lâme, elleschantent des chansons damour; le refrain qui déjàdésole lorsquil est chanté dans quelque beuglantpar une dame trop décolletée, en jupe courte et 80 LE VIEUX MONTMARTRE pailletée, prend ici les proportions dun désastre,et, sans pitié, les mendiantes horribles, dune voixacre et cassée, désespérément hurlent les phrasesénamourées et les mignardises passionnées que. Ma// La marchande de mort dans lâme. lauteur de la chanson attribue à quelques tendressentimentaux. Des gosses regardent et écoutentavec admiration. Les gens de la ville montent etsengouffrent sous la grande porte. La Savoyardesonne, non pas joyeusement à toute volée, maisheurtée de coups sourds et réguliers, le son sam- LE VIEUX MONTMARTRE 81 plifie et Il y a trop de gens qui nesont pas de Montmartre; ils ont apporté avec eux lemorne ennui de la ville au repos. La place du Tertre est le centre de ce village deMontmartre, dont les habitants se soucient peu desartistes, et descendent rarement à Paris. Quelquesouvriers logent là; ils vont à leur travail journalier,remontent se coucher là-haut et nont guère letemps de savoir ce qui se passe dans la ville. Lesautres gens néprouvent pas le besoin de voyager etde quitter cette place. Leur journal le matin lesmet au courant des grands événements, et cela leursuffit. On va les uns chez les au


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