. XVIIIe Siècle, Galant et Littéraire. la plus dégourdiedentrelles, pas vrai, dis? Je souris et leur demandai des nouvelles de ma Mère. Elleest là-bas qui écosse des pois, me répondirent-elles, va lavoir; elle sera bien ébaubie de lopulence de ta richesse,quoique ta Tante Charlotte en a bien dégoisé : car elle a ditcomçà que tu né Tu mentends. Je nons pas la mani-gance du parlemantage, mais je sçavons minager un queu-quesun. Elles en étoient là de leurs colloques poissards quand maMère accourut, et sécria en appuyant sesmains sur ses hanches : fille du diable,enragée, dévargondée, as tu


. XVIIIe Siècle, Galant et Littéraire. la plus dégourdiedentrelles, pas vrai, dis? Je souris et leur demandai des nouvelles de ma Mère. Elleest là-bas qui écosse des pois, me répondirent-elles, va lavoir; elle sera bien ébaubie de lopulence de ta richesse,quoique ta Tante Charlotte en a bien dégoisé : car elle a ditcomçà que tu né Tu mentends. Je nons pas la mani-gance du parlemantage, mais je sçavons minager un queu-quesun. Elles en étoient là de leurs colloques poissards quand maMère accourut, et sécria en appuyant sesmains sur ses hanches : fille du diable,enragée, dévargondée, as tu fait assez cla-quer ton fouet? te vêla donc Toupie comSainte Nicole. Tas susse la dragée, tu nenlâcheras pas lamande. Tenez, ma mère,repris-je avec un ton de douceur, la fauteest faite, il faut la boire, et voilà de quoi,ajoutai-je en tirant dix louis de ma donc, reprit ma mère, crois-tu nousébarlouir avec tes louis? Oh que je ne man-geons pas de ce pain-là, le nôtre est paitri dhonneur, pour. - 138 — comble dinfortune, le cocher se tourna de mon côte, et medit : Mademoiselle, vous me ferez plaisir de descendre, cesfemmes-là vont briser mon carrosse, si elles se mettent enfrais. Non, lui dis-je, reméne-moi promptement au logis. LesMères du Cartier les plus liches en honneur, et les plus fortesen langue, firent chorus avec ma bonne femme de mère à mondépart. Sans Mademoiselle Daigentiere tous ces gens-là auroientraison, me dis-je en moi-même, mais elle a trop desprit pourse tromper, et je nirai pas ti^oquer ma fortune contre unesachée de pois. LAbbé avoit si bien pallié mon libertinage,que je fus le chercher pour me raffermir dans ces principes etme consoler de mes chagrins. Il y parvint facilement, et je dûs ma tranquillité à lheureuxtalent quil avoit de changer la nature des choses, en chan-geant leur nom; aux mots dhonneur et de principes, il sub-stitua bientôt ceux de chimère et de préjugés. La plaisir étoitle


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