Œuvres illustrées de George Sand . E. Oh ! maman ! si vous ne me disiez pas quil vous a de-mandé ma main, je ne le croirais pas, car il ma toujourstraitée comme un enfant. Au couvent, il passait pour mononcle, et il venait me voir seulement une fois par semameà la grille du parloir. Et puis peu à peu, je ne sais com-ment, il est venu plus souvent, et il restait plus long-temps, mais toujours en présence de la tourière ; et il meparlait avec bonté, mais aussi avec une sévérité qui metenait dans la crainte ; de sorte que je ne sais pas encoresil maime, ou sil a eu pitié de moi. JULIE. Et si tu l


Œuvres illustrées de George Sand . E. Oh ! maman ! si vous ne me disiez pas quil vous a de-mandé ma main, je ne le croirais pas, car il ma toujourstraitée comme un enfant. Au couvent, il passait pour mononcle, et il venait me voir seulement une fois par semameà la grille du parloir. Et puis peu à peu, je ne sais com-ment, il est venu plus souvent, et il restait plus long-temps, mais toujours en présence de la tourière ; et il meparlait avec bonté, mais aussi avec une sévérité qui metenait dans la crainte ; de sorte que je ne sais pas encoresil maime, ou sil a eu pitié de moi. JULIE. Et si tu le crains, tu ne laimes pas, toi ! LOUISE. Oh ! je laime plus que je ne le crains, maman ! JULIE. Et tu consentirais à lépouser? LOUISE. Oh ! oui, si VOUS y consentiez! JULIE. Et la-t-il écrit quelquelbis? LOUISE. Oui, maman, quelquefois. Tenez, jai encore là unelettre que jai reçue hier; il ne croyait pas me voir au-jourdhui. Voulez-vous que je vous la montre? JULIE. Sans doute. LOUISE. La voici. LES Assez, niiman, assez!... (Page 2*.) JULIE, parcourant la vous appelle sa fille ! Il vous tutoie !... Il me sembleque cest le langage de la passion, si ce nest celui de lafolie. LOUISE. Mon Dieu! maman, vous me faites trembler! Quya-t-il donc dans celte lettre? Est-ce que je ne laurais pascomprise? JULIE. La lettre est fort tendre, à coup sûr; mais si je tenmontrais une de celte même écriture et de ce même style,plus tendre encore, adressée à une antre femme que loi?LOUISE, pâlissant. Oh ! mon Dieu ! je dirais que je me suis trompée, quilne maime pas. JULIE. Cependant il te demande en mariage ! Comment expli-quer ceci I rosjarde ! [Elle lire une lettre de sa poche.)LOCiSE, toute tremblante, ouvre la lettre convulsi-vement, et lit :8 Votre indifférence me Vous ne maimez pas. Vous croyez que jen aime une [Sa voix estétouffée) JULIE prend la lettre et la continue. « Mais cest vous seule, cest vous pour


Size: 1386px × 1802px
Photo credit: © The Reading Room / Alamy / Afripics
License: Licensed
Model Released: No

Keywords: ., bo, bookcentury1800, bookdecade1850, bookidoeuvresillustres03sand