Oeuvres illustrées de George Sand . ©motion involontaireet secrète du vertueux prêtre était bien visible pour le calnio angélicjue de la paisible Jeanne no se dé-mentait point, et pour Marsillat, qui sy connaissait mieuxque Guillaume, le cÅur de la bergère dEp-Nell étaitlibre de tout amour comme de toute méfiance. â A présent, je vais vous dire bonsoir, mon parrain,au plaisir de vous revoir, dit Jeanne; et, jetant ses brasau cou de Guillaume, avec un abandon et une fami-liarité toute rustique, elle lembrassa sur les deux joues,sans se départir un instant do sa tranquille e


Oeuvres illustrées de George Sand . ©motion involontaireet secrète du vertueux prêtre était bien visible pour le calnio angélicjue de la paisible Jeanne no se dé-mentait point, et pour Marsillat, qui sy connaissait mieuxque Guillaume, le cÅur de la bergère dEp-Nell étaitlibre de tout amour comme de toute méfiance. â A présent, je vais vous dire bonsoir, mon parrain,au plaisir de vous revoir, dit Jeanne; et, jetant ses brasau cou de Guillaume, avec un abandon et une fami-liarité toute rustique, elle lembrassa sur les deux joues,sans se départir un instant do sa tranquille et grave in-nocence. Ce chaste embrassement qui laissa les traces des larmesde Jeanne sur les joues de Guillaume, nétonna pointMarsillat et ne scandalisa pas le curé. Ils connaissaient lesmanières et les usages du pays. Mais ce serait savancerbeaucoup que daffirmer que le curé vit ce baiser sanssoutlrir ; on nembrasse jamais les curés. Quant à Léon,il le vit en frémissant de dépit : on nembrasse que sonparrain. ti fiiiilLuimc, clourdi dabord de celle innr(|iie de respectquil prenail pour une preuve de confiance exlrôme, re-trouva bientôt ses esprits en se rappelant quà son arri-vée à Boussac, huit jours auparavant, une jzrosse ser-vante, qui nétait pas suspecte de coquetterie, lui avaitdonné, en lappelant son petit maître, la même acco-lade familière. Ma chère enfant, dil-il à Jeanne, en aiïoc-lant de prendre, à cause de Marsillat, un ton fort grave :je ne vous dis pas adieu ; je vous reverrai demain pourlenterrement de ma pauvre mère nourrice, auquel jecompte assister, â Ce sera bien de lhonneur pour nous, mon parrain,dit Jeanne. â Cest bien de votre part, cela, Monsieur le baron,sécria le curé; cest très-beau. Jose dire quil y a peu dejeunes gens dans les hautes classes capables dun senti-ment aussi humble et dun acte aussi religieux. Ma chèreJeanne, vous avez là un


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