. Les Français peints par eux-mêmes . quait jamais de réclamer le prix de sa séanceextra portas. Cette anecdote parait invraisemblable;mais, pour la faire comprendre, il importe de dire queBréehon était un peu fou. Plus le modèle est vieux, plus il a de ficelles à sonservice, elles se muUiplient en même temps que sesrhumatismes : lâge le rend encore bavard et prodiguede conseils. Tableaux et sculptures, il examine tout d unœil connaisseur, décide du mérite dune ébauche, et sé-laye de lautorité des grands maîtres pour lesquels il atravaillé. — Ah : monsieur, dit-il, lart a bien dégénéré ! Il fa
. Les Français peints par eux-mêmes . quait jamais de réclamer le prix de sa séanceextra portas. Cette anecdote parait invraisemblable;mais, pour la faire comprendre, il importe de dire queBréehon était un peu fou. Plus le modèle est vieux, plus il a de ficelles à sonservice, elles se muUiplient en même temps que sesrhumatismes : lâge le rend encore bavard et prodiguede conseils. Tableaux et sculptures, il examine tout d unœil connaisseur, décide du mérite dune ébauche, et sé-laye de lautorité des grands maîtres pour lesquels il atravaillé. — Ah : monsieur, dit-il, lart a bien dégénéré ! Il fallaitle voir du temps de Napoléon ! je posais pour M. David,pour M. Guérin, jiour M. GiroJet-Trioson ; cétaient làde fameux peintres ! comme ils soignaient la ligne et lescontours! comme ils calculaient les proportions! ils nefaisaient rien de chique ou daprès le mannequin ; ilsprenaient toujours le modèle; ils le copiaient, ils létudiaienl du matin au soir; aussi leur peinture était-elle LE MODÈLE. jG9. fameusement hlaireautée, unie comme une glace. Dansce leni|)s-là nous ne pouvions fournir aux demandes desarlisles; mais aujourdhui le métier ne va plus; toulest perdu ! Cest surtout avec les élèves en loges, qui concourentpour le grand prix de Rome, que le module iranclioduprofesseur. Telle est sa pénétration, quil sii;nale dansun dessin non-seulement les imperfections quon peut ytrouver, mais encore celles qui ny sont pas. Il prévientlerreur par un avis oflicieux : la tète est mal emman-chée; les bras sont trop longs; le torse est écrasé; lesmuscles ne sattachent pas bien. 11 est plus classiquequun vieillard de llnslitul, plus rigoureux quun mem-bre du jury dadmission, plus exigeant quun bourgeoisqui, faisant faire son portrait, trouve les ombres tropfortes, et alûrme quil na jamais eu autant de noir surla figure. — Monsieur, vous mavez mis sous le nez une grossetache; je vous observerai que je ne prends jamais detabac. Dans les
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