. Maria Chapdelaine : récit du Canada français. ,retirait lentement son capot doublé en peau de mou-ton, et sinstallait près du poêle avec un soupir daise. La pompe ne gèle pas? demanda-t-il. Y a-t-il bien du bois dans la maison? Il sassurait que la frêle forteresse de bois étaitpourvue deau, de bois et de vivres, et sabandonnaitalors à la mollesse de lhivernement, fumant dinnom-brables pipes, pendant que les femmes préparaient lerepas du soir. Le froid faisait craquer les clous dansles murs de planches avec des détonations pareilles à des coups de fusil ; le poêle bourré de merisi


. Maria Chapdelaine : récit du Canada français. ,retirait lentement son capot doublé en peau de mou-ton, et sinstallait près du poêle avec un soupir daise. La pompe ne gèle pas? demanda-t-il. Y a-t-il bien du bois dans la maison? Il sassurait que la frêle forteresse de bois étaitpourvue deau, de bois et de vivres, et sabandonnaitalors à la mollesse de lhivernement, fumant dinnom-brables pipes, pendant que les femmes préparaient lerepas du soir. Le froid faisait craquer les clous dansles murs de planches avec des détonations pareilles à des coups de fusil ; le poêle bourré de merisier ronflait ;au dehors le vent sifflait et hurlait comme la rumeurdune horde assiégeante. â Il doit faire méchant dans le bois! songeait Maria. Et elle saperçut quelle avait parlé tout haut.^ Dans le bois il fait moins méchant quicitte, répondit son père. Là où les arbres sont pas mal drus on ne sent pas le vent. Je te dis quEsdras et DaBé nont pas de misère. â Non? Ce nétait pas à Esdras ni à DaBé quelle avait songé IX DEPUIS la venue de lhiver, lon avait souvent parléchez les Chapdelaine des fêtes, et voici queles fêtes approchaient. â Je suis à me demander si nous aurons de lavisite pour le jour de lan, fit un soir la mère Chap-delaine. Elle passa en revue tous les parents ou amis suscep-tibles de venir. â Azalma Larouche ne reste pas loin, elle ; maiselle est trop paresseuse. Ceux de Saint-Prime ne vou- III dront pas faire le voyage. Peut-être que Wilfrid ouFerdinand viendront de Saint-Gédéon, si la glace estbelle sur le Un soupir révéla quelle songeait encore à lani-mation des vieilles paroisses au temps des fêtes, auxrepas de famille, aux visites inattendues des parentsqui arrivent en traîneau dun autre village, ensevelissous les couvertures et les fourrures, derrière un chevalau poil blanc de givre. Maria songeait à autre chose. â Si les chemins


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