La Lecture . ces lectures, sa tendresse, sommeillante mais profondepour la femme, prit cette teinte de ferveur et de galante défé-rence dont il devait plus tard voiler ses plus vives jamais, elles ne devaient être plus vives, ces impressionsdamour, quà la première idylle. Le soir où, sous les charmilles séculaires, il croisa une toutejeune fille, svelte, blanche et toute vague en lombre crépuscu-laire, il tressaillit sous le pressentiment superstitieux que cettejeune fille était lamoureuse attendue. Au passage, il avait sentiisa douce caresse de regard, la caresse de deux grands


La Lecture . ces lectures, sa tendresse, sommeillante mais profondepour la femme, prit cette teinte de ferveur et de galante défé-rence dont il devait plus tard voiler ses plus vives jamais, elles ne devaient être plus vives, ces impressionsdamour, quà la première idylle. Le soir où, sous les charmilles séculaires, il croisa une toutejeune fille, svelte, blanche et toute vague en lombre crépuscu-laire, il tressaillit sous le pressentiment superstitieux que cettejeune fille était lamoureuse attendue. Au passage, il avait sentiisa douce caresse de regard, la caresse de deux grands yeuxmouillés qui le cherchaient, le fuyaient et le recherchaient en-core. Dans lallure subitement hésitante et troublée de la joliepromeneuse, il avait deviné le contre-coup de sa propre é elle avait passé ainsi un soir, puis un autre soir, puis chaquesoir. Chaque soir Cornalin revenait. Étaient-ce lheure poétique,lombre, les senteurs errantes dune belle nuit étoilée ou bien la i. A louverture du cours, elle sétait assise au premier rang. (Page 148.) L. I. — 8 II. — 10 14G LA LECTURE ILLUSTREE rareté de laventure? Le cœur du professeur se mit à battre trèsfort. Il se sentait soudain une âme dillusion et despérance lé-gères. Il ne sexpliquait rien, mais sabandonnait au charme ettrouvait, en là confusion môme de nouvelles sensations^^ une joiedinconscience savoureuse. Le passage, le frôlement, le sourire de cette fugitive inconnuelui laissaient une souvenance délicieusement berceuse. Par elle,peu à peu, la vraie magie de la femme se révélait à lui. Il ac-cueillait cette révélation tardivement mais dévotement, avec uneferveur réfléchie. Il lui sendjlait avoir vécu dans un crépusculeoù venait dentrer un rayon dor. Et il entourait, embellissait,idéalisait cette rencontre du reflet des amours rêvées dans lesilence et la nuit de sa chambrette; il était prêt à rei)orter surcette provinciale modeste les tendresses murmurée


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