. La comédie humaine. e la farine. Eh, eh,lamidon? il y aura là des millions! Vous ne mentirezpas, dites-leur des millions, et quand même elles vien-draient par avarice, jaime mieux être trompé, je les ver-rai. Je veux mes filles! je les ai faites! elles sont à moi!dit-il en se dressant sur son séant, en montrant à Eugèneune tête dont les cheveux blancs étaient épars et qui me-naçait par tout ce qui pouvait exprimer la menace. LE PÈRE GORIOT. 499 — Allons, lui dit Eugène, recouchez-vous, mon bonpère Goriot, je vais leur écrire. Aussitôt que Bianchonsera de retour, jirai si elles ne viennent pa


. La comédie humaine. e la farine. Eh, eh,lamidon? il y aura là des millions! Vous ne mentirezpas, dites-leur des millions, et quand même elles vien-draient par avarice, jaime mieux être trompé, je les ver-rai. Je veux mes filles! je les ai faites! elles sont à moi!dit-il en se dressant sur son séant, en montrant à Eugèneune tête dont les cheveux blancs étaient épars et qui me-naçait par tout ce qui pouvait exprimer la menace. LE PÈRE GORIOT. 499 — Allons, lui dit Eugène, recouchez-vous, mon bonpère Goriot, je vais leur écrire. Aussitôt que Bianchonsera de retour, jirai si elles ne viennent pas. — Si elles ne viennent pas? répéta le vieillard en san-glotant. Mais je serai mort, mort dans un accès de rage,de rage! La rage me gagne! En ce moment, je vois mavie entière. Je suis dupe! elles ne maiment pas, elles nemont jamais aimé! cela est clair. Si elles ne sont pasvenues, elles ne viendront pas. Plus elles auront tardé,moins elles se décideront à me faire cette joie. Je les con-. nais. Elles nont jamais su rien deviner de mes chagrins,de mes douleurs, de mes besoins, elles ne devineront pasplus ma mort; elles ne sont seulement pas dans le secretde ma tendresse. Oui, je le vois, pour elles, lhabitude demouvrir les entrailles a ôté du prix à tout ce que je fai-sais. Elles auraient demandé à me crever les yeux, je leuraurais dit : «Crevez-les!» Je suis trop bête. Elles croientque tous les pères sont comme le leur. Il faut toujours sefaire valoir. Leurs enfants me vengeront. Mais cest dansleur intérêt de venir ici. Prévenez-les donc quelles com-promettent leur agonie. Elles commettent tous les crimesen un seul. Mais allez donc, dites-leur donc que, ne pas 3^- OO SCENES DE LA VIE PRIVEE. venir, cest un parricide! Elles en ont assez commis sansajouter celui-là. Criez donc comme moi : «Hé, Nasie!hé, Delphine! venez à votre père qui a été si bon pourvous et qui souffre!» Rien, personne. Mourrai-je donccomme un chien? Voilà


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