. La comédie humaine. ux voulaient absolument voir,dans le lointain, les phares, les édifices de la Gascogne,la tour de Cordouan, mêlés aux créations fantastiques dequelques nuages blancs qui sélevaient à lhorizon. Sans lafrange argentée qui badinait devant le brick, sans le longsillon rapidement effacé quil traçait derrière lui, les voya-geurs auraient pu se croire immobiles au milieu delOcéan, tant la mer y était calme. Le ciel avait une puretéravissante. La teinte foncée de sa voûte arrivait, par din- à LA FEMME DE TRENTE ANS. 175 sensibles dégradations, à se confondre avec la couleurdes ea


. La comédie humaine. ux voulaient absolument voir,dans le lointain, les phares, les édifices de la Gascogne,la tour de Cordouan, mêlés aux créations fantastiques dequelques nuages blancs qui sélevaient à lhorizon. Sans lafrange argentée qui badinait devant le brick, sans le longsillon rapidement effacé quil traçait derrière lui, les voya-geurs auraient pu se croire immobiles au milieu delOcéan, tant la mer y était calme. Le ciel avait une puretéravissante. La teinte foncée de sa voûte arrivait, par din- à LA FEMME DE TRENTE ANS. 175 sensibles dégradations, à se confondre avec la couleurdes eaux bleuâtres, en marquant le point de sa réunionpar une ligne dont la clarté scintillait aussi vivement quecelle des étoiles. Le soleil faisait étinceler des millions defacettes dans fimmense étendue de la mer, en sorte queles vastes plaines de leau étaient plus lumineuses peut-êtreque les campagnes du firmament. Le brick avait toutes sesvoiles gonflées par un vent dune merveilleuse douceur,. et ces nappes aussi blanches que la neige, ces pavillonsjaunes flottants, ce dédale de cordages se dessinaient avecune précision rigoureuse sur le fond brillant de lair, duciel et de fOcéan, sans recevoir dautres teintes que cellesdes ombres projetées par les toiles vaporeuses. Un beaujour, un vent frais, la vue de la patrie, une mer tranquille,un bruissement mélancolique, un joli brick solitaire, glis-sant sur lOcéan comme une femme qui vole à un rendez-vous, cétait un tableau plein dharmonies, une scène doi^ilâme humaine pouvait embrasser dimmuables espaces,en partant dun point où tout était mouvement. Il y avait 17 6 SCÈNES DE LA VIE PRIVEE. une étonnante opposition de solitude et de vie, de silenceet de bruit, sans quon pût savoir où était le bruit et lavie, le néant et le silence; aussi pas une voix humaine nerompait-elle ce charme céleste. Le capitaine espagnol, sesmatelots, les Français restaient assis ou debout, tousplongés dans une


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