Au Kilima-Ndjaro . a déjà vu beaucoup dEuropéensdans sa carrière, et comme chacun lui a fait des pro-positions politiques, il sattend à nous voir sortir de nospoches, à tout moment, un drapeau quelconque. Ilexamine, tourne, retourne; ses questions deviennentnombreuses et légèrement indiscrètes : « — Pourquoi choisissez-vous cette route?Quallez-vousfaire au Kilima-Ndjaro? Est-il vrai que cette montagnesoit couverte dargent? Connaissez-vous les cachettes depierres précieuses? Quest-ce que les Européens cher-chent en ce pays? Les Français sont-ils toujours à Mada-gascar? Que pensez-vous du sultan


Au Kilima-Ndjaro . a déjà vu beaucoup dEuropéensdans sa carrière, et comme chacun lui a fait des pro-positions politiques, il sattend à nous voir sortir de nospoches, à tout moment, un drapeau quelconque. Ilexamine, tourne, retourne; ses questions deviennentnombreuses et légèrement indiscrètes : « — Pourquoi choisissez-vous cette route?Quallez-vousfaire au Kilima-Ndjaro? Est-il vrai que cette montagnesoit couverte dargent? Connaissez-vous les cachettes depierres précieuses? Quest-ce que les Européens cher-chent en ce pays? Les Français sont-ils toujours à Mada-gascar? Que pensez-vous du sultan de Zanzibar? Nest-cepas quil est bien ladre? Croyez-vous que les Anglaisaboliront lesclavage? Sir Francis (lAdministrateur dela Compagnie) est-il un honnête homme? Quel paysallez-vous prendre, vous? Etes-vous riches? Nauriez-vous rien à me dire en particulier? Que voulez-vous demoi? » Cette dernière question est la plus pratique, et à celle-là, du moins, nous pouvons répondre sans ambages :. DE ZANZIBAR AU KILTMA-NDJARO 59 « Cest que tu nous laisses un peu tranquilles, grandSheikh, car nous sommes fatigués (sous-entendu : deton interrogatoire). » Là-dessus nous nous retirons, nous installons nostentes au milieu de nos hommes, et nous faisons auxalentours notre petite promenade dinspection. Ce village tout neuf est sorti de terre depuis que lapaix semble assurée. Il porte le nom de Kaou-Kâb&ni,savamment tiré du Coran, et il sera désormais la rési-dence de Mbaroukou. Le vrai Gassi se trouve en face,au delà dune petite lagune que la mer recouvre à peuprès tous les jours. Nous y allons : cest aujourdhuiune simple réunion de quelques cases occupées par despêcheurs. En somme, triste lieu, mais éminemmentpropice à servir de repaire à des négriers, caché commeil est et inconnu, inaccessible à des bateaux de forttonnage. De plus, quand le vent est favorable, une nuit suffîtà des embarcations indigènes pour passer de là à lîlePemba, où


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