Gazette des beaux-arts . e séteignent les caprices de la végétation pourmieux laisser transpirer la grande âme de la nature. Le Soii, la Solitude ne sont pas des paysages positivement imités detel ou tel site. Ce sont des souvenirs vagues, mais sublimes, des évoca-tions. Le poëte, comme sil eût vécu des milliers dannées, se rappelleles pays antiques, jadis parcourus, et dont il na conservé que les grandeslignes, les larges teintes et le caractère solennel ou mélancolique, riantou grave. Il a vu ces paysages en Thrace ou en Thessalie, sur les rivesdu Péné, que sais-je? mais il y a si longte
Gazette des beaux-arts . e séteignent les caprices de la végétation pourmieux laisser transpirer la grande âme de la nature. Le Soii, la Solitude ne sont pas des paysages positivement imités detel ou tel site. Ce sont des souvenirs vagues, mais sublimes, des évoca-tions. Le poëte, comme sil eût vécu des milliers dannées, se rappelleles pays antiques, jadis parcourus, et dont il na conservé que les grandeslignes, les larges teintes et le caractère solennel ou mélancolique, riantou grave. Il a vu ces paysages en Thrace ou en Thessalie, sur les rivesdu Péné, que sais-je? mais il y a si longtemps, quil ne lui en resteaucun détail au fond de la mémoire. Il nous dit seulement son impression,et ce quil y a dadmirable, il nous la communique tout entière, sans quenous regrettions les feuilles qui manquent à ses arbres, les accidents quimanquent à ses terrains, les aspérités ou les fissures qui manquent àses Voilà comment la poésie peut couvrir de son aile les erreurs du ))eintre. 40 GAZETTE DES BEAUX-ARTS. et les atténuer jusquà les rendre pardonnables. Voilà comment elledéjoue toutes nos belles spéculations, à nous autres pauvres critiques,à nous autres pédants! XVII. Cependant, il faut tenir bon et ne pas abandonner les principes. Quedeviendraient-ils, bon Dieu, si la critique les abandonnait? Comme il arrive toujours, M. Corot a eu des imitateurs, qui, le voyantréussir, ont cru devoir sarrêter aux harmonies de lébauche, et se con-tenter de « rendre limpression, » cest le grand mot dans un certaincamp. Le tableau sachève par la reculée du spectateur. Rembrandt,non plus, ne voulait point quon approchât de ses toiles, et il disait auxbourgeois dAmsterdam que la peinture était malsaine. Mais Rembrandt,loin de simuler le fini, prenait, au contraire, de la peine pour cacher lapeine quil avait prise. Il donnait une apparence de liberté, quelque-fois de rudesse à des morceaux qui, par dessous, avaient été soigneuse-ment
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