La Lecture . re-crues hochent la tète quand onleur conte chez « Strauss » ou chez« Périnet », tout en buvant une cho-pine, les bons tours joués à la« rousse » par les doyens dâge etde correctionnelle. Je viens de lâcher, tout à lheure,un mot qui a le don dexaspérerles aboyeurs, et que vous ne sau-riez prononcer devant eux sansvous attacher toute la meute auxchausses : je les ai traités de « camelots ». Ce nest pas « camelots » quil faut dire, mais « crieurs de jour-naux ». Cette susceptibilité sex-plique : le camelot, quil tra-vaille dans le jouet ou dansr « article parisien », est uncompagnon


La Lecture . re-crues hochent la tète quand onleur conte chez « Strauss » ou chez« Périnet », tout en buvant une cho-pine, les bons tours joués à la« rousse » par les doyens dâge etde correctionnelle. Je viens de lâcher, tout à lheure,un mot qui a le don dexaspérerles aboyeurs, et que vous ne sau-riez prononcer devant eux sansvous attacher toute la meute auxchausses : je les ai traités de « camelots ». Ce nest pas « camelots » quil faut dire, mais « crieurs de jour-naux ». Cette susceptibilité sex-plique : le camelot, quil tra-vaille dans le jouet ou dansr « article parisien », est uncompagnon qui fait bande àpart, gagne de grasses jour-nées de mendiants déglise etne risque jamais sa peau dansune bagarre. Cest un « bourgeois ».Le crieur de journaux estun « artiste ». Il sépoumone, il marche,espèce de Juif Errant, à lapoursuite dun maigre il a la joie de vivi-e danscette atmosphère brûlante dela politique, qui grise le peuplede Paris comme la poudre. LABOYEUR DE JOURNAUX 563 û-rise le soldat. Il a des taches dencre grasse sur sa veste ; entravers de sa casquette, un titre de journal. Et, ainsi fait, il senva, la tête haute, vers les quartiers où la foule grouille. Il an-nonce à haute voix les événements du jour avec un peu de lor-gueil des messagers antiques, qui, tout essoufflés, apportaientles nouvelles de bataille aux chœurs de tragédie. Lhomme dont je vous parle-là, cestle crieur professionnel, celui qui, pourparler largot du métier, a toujourstravaillé dans « le Croissant ». Il seravendeur « sur le bras » tant quil aurades jambes; quand ses pieds ne le por-teront plus, il prendra ses invalidesdans la « perche ». On le verra rôder,tout cassé, autour des omnibus. Il élè-vera, au-dessus de son feutre verdàtre,cette batte qui, par des anses de fil defer, porte des journaux en croix. Il irasasseoir sur un banc entre deux pas-sages de voitures. Il prêtera ses jour-naux aux contrôleurs, qui devie


Size: 1317px × 1896px
Photo credit: © The Reading Room / Alamy / Afripics
License: Licensed
Model Released: No

Keywords: ., bookcentury1800, bookdecade1880, bookpublisherparis, bookyear1887