. La vie hors de chez soi (comédie de notre temps) l'hiver, le printemps, l'été, l'automne; études au crayon et à la plume. u moulin, dont les meules nechômaient ni jour ni nuit; sur sa table deux beaux pichets de cidre dans descruches de Flandre, un beau pain blanc de fine fleur de froment, et unejatte de cette fine crème normande que lon nomme fleurette. Survint timidement un vieux pêcheur, mais si vieux, si vieux quilparaissait cassé en deux morceaux; si tanné que sa peau semblait un vieuxcuir hors dusage; si mal vêtu, que ses vêtements semblaient des lambeaux.«Maître, dit-il en sappro
. La vie hors de chez soi (comédie de notre temps) l'hiver, le printemps, l'été, l'automne; études au crayon et à la plume. u moulin, dont les meules nechômaient ni jour ni nuit; sur sa table deux beaux pichets de cidre dans descruches de Flandre, un beau pain blanc de fine fleur de froment, et unejatte de cette fine crème normande que lon nomme fleurette. Survint timidement un vieux pêcheur, mais si vieux, si vieux quilparaissait cassé en deux morceaux; si tanné que sa peau semblait un vieuxcuir hors dusage; si mal vêtu, que ses vêtements semblaient des lambeaux.«Maître, dit-il en sapprochant du meunier, un morceau de pain, un peu 534 LA COMÉDIE DE NOTRE TEMPS. de cidre,... je viens de bien loin, je suis épuisé, jai fait naufrage, et je nairien,... donnez et je prierai pour vous. » Le meunier entra dans une rage épouvantable. « Hors dici, vieux chien,misérable va-nu-pieds. Qui ta permis, vieux fainéant, menteur, doserpasser la porte de mon enclos? Va-ten. Si tu télais bien conduit tu nenserais pas réduit à pénétrer chez les autres. Subis ta punition, vieux drôle,et va au diable ! ». Et comme il insistait, il le fit jeter à la porte par deux garçons dumoulin. Mais à peine le vieillard avait-il touché le seuil de la barrière, quun ventterrible sabattit comme une tempête sur les arbres, sur le moulin, sur lepays tout entier. La terre tremblait, les éléments sétaient confondus, lesvagues furieuses de la mer avaient envahi les champs, pendant que desdébris de terres, de maisons et darbres se répandaient dans la mer. Le vieux pêcheur nétait autre que le grand saint Martin. Son cheval blanc, sur lequel il apparut monté, jetait des lueurs cuirasse du saint brillait comme léclair dans lombre de la nuit. « Tu as manqué à la parole et à la foi de tes pères, dit-il dune voiximplacable. Le bien et la fortune que Dieu tavait donnés, tu en as faitmauvais usage, tu nas été ni bon ni indulgent pour les malheureux
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