Au Kilima-Ndjaro . lusforte, le jour baisse, les traces se perdent, la fatigue estgrande et notre situation se fait difficile, inquié comble dinfortune, nous sommes à chaque instantvictimes dune sorte de mirage : on voit devant soi, dansla brume indistincte, comme des collines et des bois quenous ne reconnaissons pas et qui semblent nous fermernotre route. Où sommes-nous? A tout hasard, nousmarphons quand même, dans une course folle, à la grâcede Dieu. La nuit descend plus noire, une nuit froide etbrumeuse; la fatigue nous accable, la faim nous dévore;et, il faut bien nous lavouer, n
Au Kilima-Ndjaro . lusforte, le jour baisse, les traces se perdent, la fatigue estgrande et notre situation se fait difficile, inquié comble dinfortune, nous sommes à chaque instantvictimes dune sorte de mirage : on voit devant soi, dansla brume indistincte, comme des collines et des bois quenous ne reconnaissons pas et qui semblent nous fermernotre route. Où sommes-nous? A tout hasard, nousmarphons quand même, dans une course folle, à la grâcede Dieu. La nuit descend plus noire, une nuit froide etbrumeuse; la fatigue nous accable, la faim nous dévore;et, il faut bien nous lavouer, nous sommes décidémentperdus. Que deviendrons-nous? Où coucherons-nous? Kienpour faire du feu, rien à boire, rien à manger! En désespoir de cause, M. d*Eltz tire un coup de fusil,puis un autre, puis un troisième. L*écho lui-même répondà peine et le bruit se perd dans lobscurité. Plus loin,nouvel essai, nouvel insuccès, et ainsi souvent, jusquàce que les cartouches sépuisent. Nous marchons quand. Fig. 61. — Séneçon géant. DU KILIMA-NDJARO A ZANZIBAR 325 même, trébuchant contre les roches, roulant par lesravines, arrêtés dans les touffes de bruyère. Halte! Daringo prétend avoir entendu là-bas commeun coup de fusil : si cétait vrai! Mais non, on sarrêtequelques instants, puis de désespoir on se remet enmarche. Halte encore! Cette fois, tout le monde a entendu : onnous appelle, et nous répondons. Cétaient, en effet, lessoldats du campement, qui, voyant venir la nuit, sétaientmis à notre recherche et tiraient pour nous avertir deleur présence. Nous les avons bientôt rejoints, et nous pouvons enfin,sous la tente, goûter les douceurs dun repos mérité. Le lendemain, nous descendions paisiblement la mon-tagne et nous retrouvions à la station Mgr de Courmontà peu près guéri, le P. A. Gommenginger, alerte commeun chevreau, et le vieux Séliman, toujours roupillant surla cendre de sa cuisine, noir, raccorni, desséché, silen-cieux, pareil,
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