Le vieux Montmartre . tit jardin à tonnelle, et dans uneautre salle un piano poussif, cest là que les jeunesgens de la place essaient de persuader aux foulesquils ont de réelles dispositions pour lart lyriqueou dramatique, ils tentent vainement de parodierquelques informes imitateurs de Dranem et dePolin, entendus dans un boui-boui de bas étage. Ils 6 m LE VIEUX MOxNTMARTRE sont persuadés quils ont beaucoup de la petite boutique verte du coiffeur qui, en veste blanche,cause avec sonvoisin. En face,chez la fruitièreon sest réuni enliabits de diman-che, dans la bou-tique, les chai


Le vieux Montmartre . tit jardin à tonnelle, et dans uneautre salle un piano poussif, cest là que les jeunesgens de la place essaient de persuader aux foulesquils ont de réelles dispositions pour lart lyriqueou dramatique, ils tentent vainement de parodierquelques informes imitateurs de Dranem et dePolin, entendus dans un boui-boui de bas étage. Ils 6 m LE VIEUX MOxNTMARTRE sont persuadés quils ont beaucoup de la petite boutique verte du coiffeur qui, en veste blanche,cause avec sonvoisin. En face,chez la fruitièreon sest réuni enliabits de diman-che, dans la bou-tique, les chaisessont alignées de-vant les boîtes deconserve et lesplats de légumescuits; une grossemotte de beurreest dun beaujaune dor. De-vant la porte, àlétalage, voisi-nent les choux, lescarottes et les oi-gnons; des fruitsdans leurs cor-beilles et dansleurs cages gril-ilagées des petitesiilies, assises enrond, causenl gravcineut. Lu boulangerie est dal-lure plus parisienne, peinte en noir avec des. LE VIEUX MONTMARTRE 83 grandes vitres et des paniers qui semplissent àmesure des fournées de petits pains dorés et dappé-tissants gâteaux. Des soldats en permission déambulent la ciga-rette aux lèvres; ils se sentent très loin de lacaserne, daucuns ont dégrafé leur tunique dequelques boutons. On est de la classe après puis, il est si peu probable que ladjudant vienneconstater là-haut que leurtenue est irrégulière. Sur la place, des gossesjouent : petites filles mai-gres aux yeux hardis, oubien de bonnes grossesboulottes à la peau claire,poupards hilares et ré-jouis, et puis garçons dé-lurés, toujours prêts àla bataille et à lapos-trophe. Les gosses deMontmartre sont dune extraordinaire race. Plus que les autres encore,ils sont vite dégourdis. Ce ne sont pas de cesenfants anémiés et mous comme on en peut voirdans les quartiers populaires, passant toute leurenfance dans des chambres malsaines, ou errant àtravers les rues. Là-hau


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