. Mémoires et lettres galantes de madame du Noyer (1663-1720) Avant propos et notes Arnelle. belle dépense,elle trouva bientôt le secret de se faire remarquer. Onne parlait ici que de cette charmante veuve, et le maré-chal de lHôpital, dont les affaires étaient fort décou-sues, crut quil pourrait les raccommoder en lé se mit sur les rangs et le rang quil tenait lui-mêmeobligea la dame à le préférer à tous les autres préten-dants. Le maréchal de lHôpital, au lieu de raccommo-der ses affaires, gâta celles de sa femme et mourut aprèslui avoir mangé tout son bien. Il est vrai que lhomieu


. Mémoires et lettres galantes de madame du Noyer (1663-1720) Avant propos et notes Arnelle. belle dépense,elle trouva bientôt le secret de se faire remarquer. Onne parlait ici que de cette charmante veuve, et le maré-chal de lHôpital, dont les affaires étaient fort décou-sues, crut quil pourrait les raccommoder en lé se mit sur les rangs et le rang quil tenait lui-mêmeobligea la dame à le préférer à tous les autres préten-dants. Le maréchal de lHôpital, au lieu de raccommo-der ses affaires, gâta celles de sa femme et mourut aprèslui avoir mangé tout son bien. Il est vrai que lhomieurdêtre veuve dun maréchal de France la dédomma-geait un peu de la perte de son bien. Elle avait encore le secours de ses attraits pour enacquérir et ils lui valurent la conquête de Casimir, roide Pologne, qui, après avoir abdiqué la couronne ^int,comme vous savez sans doute, se retirer ici, où le roilui donna labbaye de Saint-Germain-des-Prés. Ce roidépouillé, charmé des agréments de la maréchale, sedonna à elle et quoiquil se fût fait dEglise, comme il. La Raisi- 202 MADAME DU NOYER nest point de loi dont les souverains ne prétendent pou-voir se dispenser, il lépousa secrètement, mais non pasassez secrètement pour que la dame nait pu le fairesavoir ; il lui a même fait tout le bien quil a pu enmourant. Elle nest pourtant pas si riche quelle létaitaprès la mort de son vieux conseiller ; mais aussi elleest veuve dun roi, et cest monter bien haut pour sortirdun endroit si bas. Je ne sais si ce que je vous dis là setrouvera conforme à ce quon vous en a conté à Tou-louse ; cest pourtant ici la véritable histoire de la maré-chale de lHôpital. Jétais chez M^ dAleirac avec elle,et je remarquai quen parlant du roi Casimir, elle dittoujours : « le Roi, mon seigneur, » pour faire voir parlà quil était son époux. Elle est bien aise que personnene lignore; mais il ne lui est pas permis de prendrela qualité de reine quelle ne pourrait


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