. L'étang des soeurs-grises . de son arrivée, le soir venu, après dîner, il alluma un cigareet quitta le château. Le soleil descendait lentement à lhorizon, et embrasait les campagnes envi-ronnantes. Machinalement, le jeune vicomte prit le sentier quil avait suivi deux moisauparavant, et se laissa aller à laventure. Au début, il ne fit même aucune attention à la direction quil prenait, maispeu à peu, le sentiment de la réalité le saisit, et le souvenir de la promenadequil avait faite naguère se présenta vivement à son esprit. Et alors, un sentiment nouveau sempara de lui : il voulut revoir la
. L'étang des soeurs-grises . de son arrivée, le soir venu, après dîner, il alluma un cigareet quitta le château. Le soleil descendait lentement à lhorizon, et embrasait les campagnes envi-ronnantes. Machinalement, le jeune vicomte prit le sentier quil avait suivi deux moisauparavant, et se laissa aller à laventure. Au début, il ne fit même aucune attention à la direction quil prenait, maispeu à peu, le sentiment de la réalité le saisit, et le souvenir de la promenadequil avait faite naguère se présenta vivement à son esprit. Et alors, un sentiment nouveau sempara de lui : il voulut revoir la maison àla terrasse italienne, et pressa le pas pour y arriver avant que la nuit ne fûttout à fait venue. Ce fut laffaire dune demi-heure. Bientôt le sentier se dégagea comme la première fois : la plaine, que lombrecommençait à envahir, se déroula à ses pieds, et à quelque distance, la petitemaison lui apparut comme enveloppée dans un nimbe de pourpre et dor. Il sarrêta. LES NUITS DU BOULEVARD 169. Tous les dimanches, clic se rendait ù Fégliso du bour^-, accompo^Miée var Martial. Quelques secondes à peine !... an bont desquelles il se produisit un fait sin-oulier, invraisemblable, inattendu en tout cas, et qui le cloua stupéfait a sa place. XXX Il venait denlendre sur le piano les premiers accords de la D,n„»r ée La mélodie se dégageait du silence solennel de tontes choses et semblait LiV. 22 A. Fayard, éditeur- 22 170 LES NUITS DU BOULEVARD flotter au-dessus du carme recueilli de la nature; les noies, tantôt graves,tantôt dolentes, empruntaient un accent particulier que Gontran ne leur con-naissait pas, et qui linitia, pour un moment, à tout un monde de poésie où sonâme navait jamais pénétré. De sa vie il navait rien éprouvé de pareil. Lexécution nétait peut-être pas irréprochable, et un professeur du Conser-vatoire y eût trouvé à reprendre. Évidemment il ne sagissait pas ici dun artiste qui, si bien doué quil fû
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