Benjamin Rozes : nouvelle naturalistes . céphale résistait à la médication. Obligé delâcher son fauteuil, de déguerpir à chaqueminute sans crier gare. Benjamin Rozes, dèsle second jour de son régime, avait refusé lesvisites de condoléance. Ces courses continuel-les le lassant, sur les conseils de Pédoussault,curieux dexaminer les fragments du ver soli- 66 BENJAMIN ROZES taire, on installa dans la chambre à coucherune antique chaise percée reléguée depuis plusde dix ans au fond dun débarras. — Elle in-fecta la maison. — Suzanne avait beau courirdans les corridors, maintenir les odeurs sousun co


Benjamin Rozes : nouvelle naturalistes . céphale résistait à la médication. Obligé delâcher son fauteuil, de déguerpir à chaqueminute sans crier gare. Benjamin Rozes, dèsle second jour de son régime, avait refusé lesvisites de condoléance. Ces courses continuel-les le lassant, sur les conseils de Pédoussault,curieux dexaminer les fragments du ver soli- 66 BENJAMIN ROZES taire, on installa dans la chambre à coucherune antique chaise percée reléguée depuis plusde dix ans au fond dun débarras. — Elle in-fecta la maison. — Suzanne avait beau courirdans les corridors, maintenir les odeurs sousun couvercle de sapin commandé exprès, ellesséchappaient néanmoins, semparaient des. armoires, du linge, promenaient partout leurpuanteur tiède, malgré les courants dair, mal-gré les branches de lavande que madame Rozesne cessait de brûler. Benjamin sassombrissait encore. Les éter-nels bouillons gras lui soulevaient le cœur; il BENJAMIN ROZES 67 navalait quavec dégoût les mouillettes jauniespar les œufs à la coque. Il ne conversait plus,ne voulait confier à personne le soin de cher-cher la tête de son bothriocéphale. Armé dune baguette, les lèvres plissées,gris de nèvre, après chacune de ses coliques,on lapercevait fouillant la cuve de sa chaiseavec anxiété. — Eh bien? demandait madame Rozes. — , rien! répondait-il. Il attendait la tête de son bothriocéphale,le front vide, lœil fiévreux. Telles, après ungros temps, lorsque la houle moutonne encore,les femmes des pêcheurs consultent lhorizon. Tout rappelait à Benjamin son malheur :les bouts de ficelle, les cordons de souliers, lalongueur de quelques objets. Un immense décourageme


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