. Eugène Carrière, peintre et lithographe . ades il sisolait, rêvassait, ou se réfugiait près de la mère,et comme il était le dernier, lespoir vivant après deux mortscruelles, elle laccueillait avec une douceur profonde. Unmois avant de mourir, Carrière me parlait encore delle enpleurant. Il avait la pudeur charmante de se reprocher ceslarmes : Cest affreux, disait-il, dêtre aussi ,puis : Quand je crois avoir perdu cette sensibilité, je menveux, je me crois Quelles étaient bonnes ces larmes !Au travers delles, il revoyait, au seuil de sa vie douloureuse,une femme tendre et


. Eugène Carrière, peintre et lithographe . ades il sisolait, rêvassait, ou se réfugiait près de la mère,et comme il était le dernier, lespoir vivant après deux mortscruelles, elle laccueillait avec une douceur profonde. Unmois avant de mourir, Carrière me parlait encore delle enpleurant. Il avait la pudeur charmante de se reprocher ceslarmes : Cest affreux, disait-il, dêtre aussi ,puis : Quand je crois avoir perdu cette sensibilité, je menveux, je me crois Quelles étaient bonnes ces larmes !Au travers delles, il revoyait, au seuil de sa vie douloureuse,une femme tendre et belle, triste, qui le menait par la , ils allaient dans les banlieues, les cimetières, leséglises. Il avait avec elle de ces ententes muettes, absoluesentre mère et enfant, que le petit corps soit tout contre lapoitrine tiède, la petite main toute dans la grande main, lepetit pas se dépêchant pour rester au niveau du grand pas,la petite figure levée vers la grande figure déjà flétrie et plus 16 ■*J *_/»!. Premier Miroir souvent douloureuse que gaie, mais quattendrissent lesquestions multipliées auxquelles on répond dun air distraitet doux. Jamais femme, a-t-il écrit, ne fut plus généreuse, plus résignée La nature lavait créée riche, et la société lavait faite pauvre ; elle vécut toujours selon sa naturepremière. Un enseignement si magnifique fut pour moi lesoutien de toute ma vie, et dans mes heures dincertitude jereviens à ce berceau et je lui demande la preuve de ce que jesuis : jy trouve toujours la réponse nécessaire. Lhomme vittoute son existence sur son enfance. Quel malheur quonle sache si peu ! Que dêtres écrasés au berceau ! (i). La pauvreté digne des parents, leffacement que com-mande à chacun, dans les grandes familles, la nécessité delaisser aux autres leur part pour pouvoir jouir de la sienne,le spectacle quotidien du mouvement et du travail, tout cequi lentourait devait porter une petite âme déjà arde


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