Gazette des beaux-arts . nesort de leurs lèvres blèmies; ils ont un triste sourire, et, si leurbouche parlait, ce serait pour saluer la fatale beauté qui passe à côtéde leur agonie. Nous-mêmes, nous ne pouvons la maudire si nousconnaissons le mystérieux récit de sa vie et la Némésis qui la domine. Ravie par Thésée, entraînée par Achille, cédée à Patrocle, unieà Ménélas, séduite par le berger Paris, elle a vécu sous lempire dunefantaisie divine, elle a toujours été lesclave dun mystérieux de guerre, levain de haine et damour, sa beauté est pourtantsacrée; elle est bénie de tous,


Gazette des beaux-arts . nesort de leurs lèvres blèmies; ils ont un triste sourire, et, si leurbouche parlait, ce serait pour saluer la fatale beauté qui passe à côtéde leur agonie. Nous-mêmes, nous ne pouvons la maudire si nousconnaissons le mystérieux récit de sa vie et la Némésis qui la domine. Ravie par Thésée, entraînée par Achille, cédée à Patrocle, unieà Ménélas, séduite par le berger Paris, elle a vécu sous lempire dunefantaisie divine, elle a toujours été lesclave dun mystérieux de guerre, levain de haine et damour, sa beauté est pourtantsacrée; elle est bénie de tous, et les vieillards assis aux portes deScéedans Ilion se lèvent à son approche en disant : « Certes, ce nestpas sans raison que les Troyens et les Achéens aux belles cnémidesendurent pour une telle femme des maux affreux : elle ressemble auxdéesses immortelles. » Mais que regarde-t-elle ainsi vers lhorizon! !.. Voy. le Salon de M. le marquis de Chennevières dans la Gawlte de juin MUSICIENNE, DESSIN DE M. GUSTAVE MORE AU, (Élude pour le tableau : Salomé.) 386 GAZETTE DES BEAUX-ARTS. Elle regarde, dans lor du couchant, les fumées qui montent du campdes Grecs. De nouvelles amours lui sont encore promises là-bas. Ellemontera sur les beaux vaisseaux de Ménélas ; elle rentrera en triomphedans son palais dArgos. Quintus de Smyrne la peint sortant de Troieen feu, au milieu des nobles captives troyennes : « Tout autour, lestroupes étaient éblouies en voyant léclat et la merveille aimable decette beauté sans défaut, et personne nosa lattaquer de traitsméchants ; mais ils la regardaient comme une divinité, avec délices ;car elle leur apparut à tous comme lobjet désiré. » Electre, dansVOreste dEuripide, insulte dabord Hélène, lorsque celle-ci rentre denuit dans Argos, « craignant les pères de ceux qui sont morts sousles murs dIlion ». Mais bientôt le charme dHélène gagne la sombrevierge et lui arrache un cri denvie : «


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