Maria Chapdelaine : récit du Canada français . avezpeut-être eu connaissance quil était foremandans un chantier en haut de la Tuque, sur larivière Vermillon. Quand le milieu de décembreest venu, il a dit tout à coup au boss quil allaitpartir pour venir passer les fêtes au lac Saint-Jean, Le boss ne voulait pas, commede raison; quand les hommes se mettent àprendre des congés de dix et quinze jours enplein milieu de lhiver, autant vaudrait casseïle chantier de suite. Il ne voulait pas et il lelui a bien dit; mais vous connaissez François:cétait un garçon malaisé à commander, quandil av


Maria Chapdelaine : récit du Canada français . avezpeut-être eu connaissance quil était foremandans un chantier en haut de la Tuque, sur larivière Vermillon. Quand le milieu de décembreest venu, il a dit tout à coup au boss quil allaitpartir pour venir passer les fêtes au lac Saint-Jean, Le boss ne voulait pas, commede raison; quand les hommes se mettent àprendre des congés de dix et quinze jours enplein milieu de lhiver, autant vaudrait casseïle chantier de suite. Il ne voulait pas et il lelui a bien dit; mais vous connaissez François:cétait un garçon malaisé à commander, quandil avait une chose en tête. Il a répondu quilavait dans son cœur daller au grand lac pourles fêtes, et quil irait. Alors le boss la laisséfaire, par peur de le perdre, vu que cétait unhomme capable hors de lordinaire, et accou-tumé dans le Il parlait avec une facilité singulière, lente-ment, mais sans chercher ses mots, comme silavait tout préparé davance. Maria songeatout à coup, au milieu de son angoisse: Fran-. François est parti seul, à raquette, avec ses couvertes etdes provisions sur une petite traî (page 135). 134: MAKIA CHAPDELAINE çois a voulu venir icitte pour les fê mevoir, et une joie fugitive effleura son coeurcomme une hirondelle rase leau. —Le chantier nétait pas bien loin dans lebois, seulement à deux jours de voyage duTranscontinental, qui descend sur la Tuque :mais ça sadonnait quil y avait eu un accidentà la track qui nétait pas encore réparée, etles chars ne passaient pas. Jai eu connaissancede tout ça par Johnny Niquette, de Saint-Henri,qui est arrivé de la Tuque il y a deux jourspassés. —Oui ? —Quand François Paradis a su quil ne pour-rait pas prendre les chars, il a fait une riséeet dit comme ça que tant quà marcher il mar-cherait tout le chemin, et quil allait gagner legrand lac en suivant les rivières, la rivièreCroche dabord, et puis la rivière Ouatchouan,qui tombe près de Roberval.


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