Oeuvres illustrées de George Sand . trou dela serrure, pour sassurer que sa proie ne lui avait paséchappé. Les coups de fusil recommencèrent. Il tournasur ses talons inégaux avec lagilité surprenante dont ilétait doué, et courut aux remparts. Pour moi, caché danslombre, je le laissai passer et ne le suivis pas. Un autreinstinct que celui du carnage venait de semparer de Un éclair de jalousie avait enflammé mes sens. La fuméej de la poudre, la vue du sang, le bruit, le danger, et plu-sieurs rasades deau-de-vie avalées à la ronde pour en-tretenir lactivité , mavaient singulièrement échauff


Oeuvres illustrées de George Sand . trou dela serrure, pour sassurer que sa proie ne lui avait paséchappé. Les coups de fusil recommencèrent. Il tournasur ses talons inégaux avec lagilité surprenante dont ilétait doué, et courut aux remparts. Pour moi, caché danslombre, je le laissai passer et ne le suivis pas. Un autreinstinct que celui du carnage venait de semparer de Un éclair de jalousie avait enflammé mes sens. La fuméej de la poudre, la vue du sang, le bruit, le danger, et plu-sieurs rasades deau-de-vie avalées à la ronde pour en-tretenir lactivité , mavaient singulièrement échauffé lalète. Je pris la clef dans ma ceinture, jouvris brusque-ment la porte, et, quand je reparus devant la captive, je, nétais plus le novice méfiant et grossier quelle avaitréussi à ébranler ; jétais le brigand farouche de la Ro- che-Mauprat, cent fois plus dangereux cette fois que la première. Elle sélança vers moi avec impétuosité. Jou- vris mes bras pour la saisir; mais, au Heu de sen ef- MAUlUAT. 17. Elle sapprocha de la table où jéiais reste accoudé, et prit un fruit. (Page t4.) Jrayer, elle sy jeta en criant : « Eh bien! mon père? —Ton père, lui dis-je en lembrassant, nest pas là. 11 nestpas plus question de lui que de toi sur la brèche à lheurequil est. Nous avons descendu une douzaine de gendar-mes, et voilà tout. La victoire se déclare pour nous commede coutume. Ainsi ne tinquiète plus de ton père; moi,je ne minquiète plus des gens du roi. Vivons en paix etfêtons lamour. » En parlant ainsi, je portai à mes lèvresun broc de vin qui restait sur la table. Mais elle me lôtades mains dun air dautorité qui menhardit. « Ne buvezplus, me dit-elle; songez à ce que vous dites. Est-ce vraice que vous avez dit? en répondez-vous sur lhonneur,sur lâme de votre mère? — Tout cela est vrai, je le juresur votre belle bouche toute rose, lui répondis-je en es-sayant de lembrasser encore. Mais elle recula avec ter*reur. — 0 mon


Size: 1390px × 1797px
Photo credit: © The Reading Room / Alamy / Afripics
License: Licensed
Model Released: No

Keywords: ., book, bookcentury1800, bookdecade1850, bookiduvresillustres02sand