Œuvres illustrées de George Sand . eignait de re-garder le retour dIndiana comme un bonheur inespéré;mais cette fois il lui parlait faiblement de ses devoirs. Illui racontait les dernières paroles de sa mère; il peignaitavec chaleur le désespoir où le réduisait cette perle, lesennuis de la solitude et le danger de sa situation. Il fai-sait un tableau sombre et terrible de la révolution quigrossissait à lhorizon de la France, et, tout en feignantde se réjouir dêtre seul opposé à ses coups, il faisait en-tendre à Indiana que le moment était venu pour elledexercer cette enthousiaste fidélité, ce


Œuvres illustrées de George Sand . eignait de re-garder le retour dIndiana comme un bonheur inespéré;mais cette fois il lui parlait faiblement de ses devoirs. Illui racontait les dernières paroles de sa mère; il peignaitavec chaleur le désespoir où le réduisait cette perle, lesennuis de la solitude et le danger de sa situation. Il fai-sait un tableau sombre et terrible de la révolution quigrossissait à lhorizon de la France, et, tout en feignantde se réjouir dêtre seul opposé à ses coups, il faisait en-tendre à Indiana que le moment était venu pour elledexercer cette enthousiaste fidélité, ce périlleux dé-vouement dont elle sétait vantée, Raymon accusait sondestin, et disait que la vertu lui avait roulé bien cher,que son joug était bien rude, quil avait tenu le bonheurdans sa main et quil avait eu la force do se condamnerà un éternel isolement, u Ne me dites plus que vous ma-vez aimé, ajoutait-il ; jo suis alors si faible et si décou-ragé que je maudis mon courage et que je hais mes •^^MlO;y T H Il senfu l (?? (Page G5 devoirs. Dites-moi que vous ôtes heureuse, que vousmoubliez, afin quil soit en ma puissance de naller pasvous arracher aux liens qui nous séparent, n En un mot, il se disait malheureux; cétait dire àIndiana quil latlendait. XXVI. Durant les trois mois qui sécoulèrent entre le départde cette lettre et son arrivée à lile Bourbon, la situationde madame Delmare était devenue presque intolérable ,par suite dun incident domestique de la plus grandeimportance pour elle. Elle avait pris la triste habitudedécrire chaque soir la relation des chagrins de la jour-née. Ce journal de ses douleurs sadressait à Raymon ,et, quoiquelle neût pas lintention de le lui faire parve-nir, elle sentretenait avec lui, tantôt avec passion, tantôtavec amertume, des maux de sa vie et des sentimentsquelle ne pouvait étouffer. Ces papiers tombèrent entreles mains de Delmare, cest-à-dire quil brisa le


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