. Lettres d'une Peruvienne . urusmen-fermer dans ma chambre, oùjetoisfûrequil ne pourroit me fuivre. O mon cher Aza, que la raifon de cepays efl: bizarre ! toujours en contradic-tion avec elle-même , je ne fçais com-ment on pourroit obéir à quelques-uns defes préceptes fans en choquer une infini-té dautres. Elle convient en général que la premiè-re des vertus efl de faire du bien ; elleapprouve la reconnoiiTance, & elle pref-crit lingratitude. Je ferois louable fi je te rétablifTois furle trône de tes pères, je fuis criminelle ente confervant un bien plus précieux queles Empires du Monde. On m


. Lettres d'une Peruvienne . urusmen-fermer dans ma chambre, oùjetoisfûrequil ne pourroit me fuivre. O mon cher Aza, que la raifon de cepays efl: bizarre ! toujours en contradic-tion avec elle-même , je ne fçais com-ment on pourroit obéir à quelques-uns defes préceptes fans en choquer une infini-té dautres. Elle convient en général que la premiè-re des vertus efl de faire du bien ; elleapprouve la reconnoiiTance, & elle pref-crit lingratitude. Je ferois louable fi je te rétablifTois furle trône de tes pères, je fuis criminelle ente confervant un bien plus précieux queles Empires du Monde. On mapprouveroit fi je récompenfoistes bienfaits par les tréfors du Péépourvue de tout, dépendante de tour, je !.> |) |J 126 LETTRE XXII. je ne poflede que ma tendreffe, on veutque je te la ravifle ; il faut être ingratepour avoir de la vertu. Ah mon cherAz3. ! je les trahirois toutes , fi je cef-fois un moment de taimer. Fidelle àleurs ioix , je le ferai à mon amour ,je ne vivrai que pour LET- i LETTRE XXIII. 127 LETTRE VINGT-TROIS. JE crois , mon cher Aza, quil ny aque la joie de te voir qui pourroiclemporter fur celle que ma caufé le re-tour de Détervilie; mais comme sil nemétoit plus permis den goûter fans mé-lange, elle a été bientôt fuivie dune trif-telTe qui dure encore. i i Céline étoit hier matin dans ma cham-bre quand on vint miftérieufement lap-peller; il ny avoit pas longtems quellemavoit quittée, lorfquelle me fit dire deme rendre au Parloir, jy courus : Qiie-le fut ma furprife dy trouver fon frère a« ^ vec elle ! Je ne diffimulai point le plaifir que jeusde le voir, je lui dois de leftime & delamitié ; ces fentimens font prefque des ! vertus, je les exprimai avec autant de vé-rité que je les fentois. Je voyois mon Libérateur , le fedappui de mes efpérances} jallois parler 1 fans ^m Il I2S LETTRE XXIII. fans contrainte de toi, de ma tendrelTe,de mes defFeins, ma joie alloit jufquautranfpurt. Je ne pariois pas enco


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