. Le bon Dieu chez les enfants . lorsquon les faisait aller avec le doigt, elle ne coûtait que trente-neufsous. Et Raoul et ses camarades, qui avaient de vraies montres en argentou même en or, riaient de celle de Louis, qui pleurait parce quil sentaitbien quil nétait pas comme tout le monde. Et même ses professeursriaient aussi de lui, disant : « Allons, Louis, tâchez davoir des jambescomme celles de votre voisin Raoul, vous avez des jambes de poulet. » Et lui, le pauvre poulet, il pleurait parce quil ne faisait pas exprèsdêtre maigre des jambes, et même il en souffrait quelquefois. A la récré
. Le bon Dieu chez les enfants . lorsquon les faisait aller avec le doigt, elle ne coûtait que trente-neufsous. Et Raoul et ses camarades, qui avaient de vraies montres en argentou même en or, riaient de celle de Louis, qui pleurait parce quil sentaitbien quil nétait pas comme tout le monde. Et même ses professeursriaient aussi de lui, disant : « Allons, Louis, tâchez davoir des jambescomme celles de votre voisin Raoul, vous avez des jambes de poulet. » Et lui, le pauvre poulet, il pleurait parce quil ne faisait pas exprèsdêtre maigre des jambes, et même il en souffrait quelquefois. A la récréation, un jour, un petit meilleur que les autres lui avaitdonné un morceau de chocolat. Alors Raoul, pour rire, le lui avaitpris, lavait rempli de poussière, et le lui avait rendu. Et, après lavoiressuyé, Louis lavait mangé en pleurant. Louis avait une petite sœur decinq ans, bossue, quil aimait tendrement. Mais cette petite était morte etLouis lavait beaucoup pleurée. Il ne disait ses chagrins quau Bon Et même la petite fille de M. Valérand. TROISIEME BEATITUDE 17 Le père de Raoul était orgueilleux ; il se disputa et on le tua duncoup de pistolet, et on sut quil mourait en nayant plus dargent, etRaoul et sa maman devinrent pauvres comme Louis et sa navait plus de beaux costumes ni de joujoux et il ne riait plus;mais il ne pleurait pas non plus, parce quil navait jamais su pleurer,même quand son père était mort; il ne pouvait pas pleurer comme apleuré Notre-Seigneur sur le tombeau de son ami. Mais Louis continuait de pleurer souvent, parce quil avait lhabi-tude davoir du chagrin et dêtre pauvre, et que lon se moquait de lui,même parce quil était étroit de poitrine. Raoul et Louis étaient pauvres maintenant tous les deux, leursmamans les mirent chacun dans un endroit pour faire des commissionset gagner ainsi un peu dargent. Raoul allait porter des dépêches avec un petit sac. Il ne tenait plusses mains fermées comme pour se b
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