Le vieux Montmartre . nent, se bousculent, sepressent, se suivent en immense cohue et lorches-tre, là-haut, sur son balcon, rythme le tumulte,lancé, rattrapé, arrêté net et relancé à nouveaupar la baguette du chef qui sagite, bat la mesure,réveille tel instrument qui sommeille, calme etapaise tel autre qui exagérait son importance. Les couples passent se touchant presque. Voicides gens sérieux qui valsent selon les règles;dautres sautent dun pied sur lautre, à la façondes plantigrades dressés ; un grand garçon auxcheveux frisés séchappant dun chapeau melonposé en arrière, serre contre sa poitr


Le vieux Montmartre . nent, se bousculent, sepressent, se suivent en immense cohue et lorches-tre, là-haut, sur son balcon, rythme le tumulte,lancé, rattrapé, arrêté net et relancé à nouveaupar la baguette du chef qui sagite, bat la mesure,réveille tel instrument qui sommeille, calme etapaise tel autre qui exagérait son importance. Les couples passent se touchant presque. Voicides gens sérieux qui valsent selon les règles;dautres sautent dun pied sur lautre, à la façondes plantigrades dressés ; un grand garçon auxcheveux frisés séchappant dun chapeau melonposé en arrière, serre contre sa poitrine une petiteouvrière anémique et maigre. Par contre, un cou-ple robuste tourne avec vigueur, débordant de LE VIEUX MONTMARTRE 113 Santé, les joues rouges, les mains gercées disent lestravaux de la cuisine. Une lemme de chambre arborela toilette que Madame ne met plus, le tils du con-cierge, grand gaillard en veston beige, qui danse avecconviction, la trouve pourtant tout à fait à son goû Voiciles sourires radieux, les grands yeux can-dides, les frais visages des petites midinettes quisamusent de tout leur cœur, coquettement vêtuesde robes bon marché. Un sous-olticier plein desuffisance étale les galons d or qui brillent sur ledolman noir; son pantalon de fantaisie est en drapdollicier, il eu est très Uer et les moustaches en 8 414 LE VIEUX MONTMARTRE bataille, les cheveux séparés en raie, fortementcosmétiques, il danse, sûr du grand effet quil doitproduire. Des mains sales aux ongles noirs etcoupés en carré sétalent sur la blancheur des cor-sages. Un grand jeune homme danse avec respect;on sent quil accomplit une besogne sacrée et néces-saire. Les commis de magasin ont des vestons trèslongs selon lexigence de la mode, les plis tombenttrop droits, ils sont trop marqués; sans nul douteils viennent dôtre marqués au fer chaud avant departir au bal. Un rapin aux longs cheveux et aularge chapeau de feutre, dolman serié à la tailledo


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