Oeuvres illustrées de George Sand . serai vengé. — Vengez-vous tant quil vous plaira, dit-elle,cela fera que je vous mépriserai. » Elle tira, en parlant ainsi, un papier de son sein, et lebrûla tranquillement à la flamme de sa bougie. « Quest-ce que vous faites-là? lui dis-je. — Je brûle une lettreque je vous avais écrite, répondit-elle. Je voulais vousfaire entendre raison, mais cest bien inutile; on ne sex-plique pas avec les brutes. — Vous allez me donner cettelettre ! » mécriai-je en me jetant sur elle pour lui arra-cher le papier enflammé. Mais elle le retira brusquement,et, léteignant da


Oeuvres illustrées de George Sand . serai vengé. — Vengez-vous tant quil vous plaira, dit-elle,cela fera que je vous mépriserai. » Elle tira, en parlant ainsi, un papier de son sein, et lebrûla tranquillement à la flamme de sa bougie. « Quest-ce que vous faites-là? lui dis-je. — Je brûle une lettreque je vous avais écrite, répondit-elle. Je voulais vousfaire entendre raison, mais cest bien inutile; on ne sex-plique pas avec les brutes. — Vous allez me donner cettelettre ! » mécriai-je en me jetant sur elle pour lui arra-cher le papier enflammé. Mais elle le retira brusquement,et, léteignant dans sa main avec intrépidité, elle jeta leflambeau à mes pieds et séchappa dans les ténèbres. Jela poursuivis en vain. Elle gagna la porte de son apparte-ment avant moi, et la poussa sur elle. Jentendis tirer lesverrous, et la voix de mademoiselle Leblanc qui deman-dait à sa jeune maîtresse la cause de sa frayeur. « Cenest rien, répondit la voix tremblante dEdmée, cest uneespièglerie. » If MAI lIl Ai. Léonard ne connaissait dantre remède qne leaa-de-Tie. (Page 91.) Je descendis au jardin et jarpentai les allées dun paseffrôné. A cette fureur succéda la plu> profonde ée fière et audacieuse me paraissait plus belle et plusdésirable que jamais. Il est de la nature de tous les dé-sirs de sirriter et de salimenter de la résistance. Je s»n-tis que je lavais offensée, quelle ne maimait pas, quellene maimerait peut-être jamais, et, sans renoncer à lacriminelle résolution de la posséder par la force, je cédaià la douleur que me causait sa haine. Jallai mappuyerau hasard contre un mur sombre, et, cachant ma tètedans mes mains, jexhalai des san<:lots désespérés. Marobuste poitrine se brisait, et mes larmes ne la soula-geaient pas à mon gré ; jaurais voulu rugir, et je mordaismon mouchoir pour ne pas céder à cette tentation. Lebruit sinistre de mes cris étouffés éveilla lattention dunepersonne qui priait dans


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