Proses décadentes . acard. Cest là qu elle fricote, entre deux ba-vettes, sur le siège que dissimule uneplanchette mobile. Deux fois par jour, comme elle ne peutquitter la maisonnette dont elle est lagardienne, elle fait sa cuisine, dans sonplacard, qui fleure loignon frit : honnêtearôme qui évoque lidée des arrière-bou-tiques enfumées et assombries où se pré-parent les repas des petits épiciers. Stoï-que et philosophe, elle ouvre des portes,entre deux bouchées, invite un client àpénétrer dans ces lares éphémères, rinceune porcelaine dune main hâtive et habi-tuée, et retourne à son trou survei


Proses décadentes . acard. Cest là qu elle fricote, entre deux ba-vettes, sur le siège que dissimule uneplanchette mobile. Deux fois par jour, comme elle ne peutquitter la maisonnette dont elle est lagardienne, elle fait sa cuisine, dans sonplacard, qui fleure loignon frit : honnêtearôme qui évoque lidée des arrière-bou-tiques enfumées et assombries où se pré-parent les repas des petits épiciers. Stoï-que et philosophe, elle ouvre des portes,entre deux bouchées, invite un client àpénétrer dans ces lares éphémères, rinceune porcelaine dune main hâtive et habi-tuée, et retourne à son trou surveiller lesoignons qui frient, sur son petit four-neau, à côté dun « monsieur prêtre »diarrhéique et cataractant. Tout proche de la station domnibusoù sennuient les calmes gris pommelés,linnomable chalet utilitaire, le minuscule 96 PROSES DÉCADENTES chalet en sapin passé à locre ou^Teson huis hospitalier, où saccote, danslattente des clients, madame la Pré-posée. ^^ i LES ÉCRTTEAUX. vez-vous remarqué com-bien Monsieur Public ale respect et la terreurdes écriteaux dont, im-pertinemment, lordreou la défense se met toutà coup en travers de son désir oude sa fantaisie? Un grand in-octavo suffirait àpeine à narrer la muette loquacitédes écriteaux qui gouaillent, ap-pendus au mur, et se gaudissent,narquoisement, de la mine décon-fite de Monsieur Public, quilsbernent comme à plaisir. UO PROSES DECADENTES Et cest un poème en douze mille alexan-drins quil faudrait pour chanter les dé-convenues résignées de Monsieur Publicqui souscrit, sans songer même à discu-ter, aux puériles exigences des adminis-trations tracassières. On ne fume pas ici, tonitrue telle pan-carte au fond dun bureau de tramwayoù la crasse subodorante des casquettesdemployés, loxide de carbone du poêle,et les émanations fétides des haleines, sefondent en une puanteur unique mais vio-lente. Et Monsieur Public qui vient dentreren mâchonnant, dun air satisfait, u


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