. Paris à table . e. La faim, qui éprouve si souventle talent, porte aussi sa main sur le génie. A voir les gros sa-laires que rapportent quelques productions de lintelligence etde lart, on se raille et on se joue des misères des artistes,des écrivains et des poètes du temps passé; on range aujour-dhui ces disgrâces dans le domaine de lidéal ; elles ne sont,hélas! que trop réelles; pour bien comprendre ce quil y a dedouleurs dans ces limbes de Paris, il faut les avoir traversés. Tout se heurte dans cette ville des extrêmes : lindigestionét la faim se touchent. Ne dites plus que Chatterton, Gi


. Paris à table . e. La faim, qui éprouve si souventle talent, porte aussi sa main sur le génie. A voir les gros sa-laires que rapportent quelques productions de lintelligence etde lart, on se raille et on se joue des misères des artistes,des écrivains et des poètes du temps passé; on range aujour-dhui ces disgrâces dans le domaine de lidéal ; elles ne sont,hélas! que trop réelles; pour bien comprendre ce quil y a dedouleurs dans ces limbes de Paris, il faut les avoir traversés. Tout se heurte dans cette ville des extrêmes : lindigestionét la faim se touchent. Ne dites plus que Chatterton, Gilbert PARIS A TABLE. 101 et Malfilàtre ne peuvent se rencontrer parmi nous. Hier, ilsétaient au milieu de vous, et vous les avez laissés mourir defaim ! Lindigence, lorsquelle sattache à ceux quelle a façonnésde bonne heure à ses coups, a aussi préparé leurs cœurs pourcette situation; dailleurs, le pauvre vient au secours du pau-vre, ainsi que la dit le poète, ils saiment entre eux. Si, dans. lhomme que le vice a conduit à cette extrémité, tout instinctnoble, sensible et généreux est éteint, la souffrance physiquereste seule. Sil arrive quune éducation libérale et élevée aitfécondé le germe des qualités nobles ; sil arrive quune telleorganisation ait grandi par létude, et que le talent lait ré-chauffée par sa flamme vivifiante, et quelle soit tout à coupatteinte par le fléau ; ces éléments précieux, repoussés par lemonde intellectuel, sont incapables dagir danslordre matériel,ils tombent et sont étouffés parles étreintes du besoin et dune 2« 102 PARIS A TABLE. inexorable nécessité. Dans la jeunesse ardente, qui accourt àParis de toutes les parties de la France, que dexistences ainsimisérablement anéanties par cette lente agonie qui épuise lesforces de lâme et celles du corps, et tue celui qui ne peutplus résister à ces maux. Sans doute, il faut attribuer aux égarements de la pensée,à de funestes illusions et aux er


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