Le vieux Montmartre . n client et avec lebruit des conversations et le choc des verres, par-vient une bouffée dair chaud et lourd. Les pas dansla neige laissent des traces régulières qui se croi-sent eu curieuses arabesques. Un petit garçon, toutemmitouflé dans sa pèlerine, semble un gros oiseaunoir parmi tant de blancheur. Dans la petite cuisine du vieux cabaret, les cui-vres brillent, astiqués, vibrants et nets, en éclat dorrouge et jaune. Au long des rayons sont alignées lesfaïences ornées de fleurs et de sujets. Derrière lecomptoir, les bouteilles rangées sur la fenêtre colo-rent la lumièr


Le vieux Montmartre . n client et avec lebruit des conversations et le choc des verres, par-vient une bouffée dair chaud et lourd. Les pas dansla neige laissent des traces régulières qui se croi-sent eu curieuses arabesques. Un petit garçon, toutemmitouflé dans sa pèlerine, semble un gros oiseaunoir parmi tant de blancheur. Dans la petite cuisine du vieux cabaret, les cui-vres brillent, astiqués, vibrants et nets, en éclat dorrouge et jaune. Au long des rayons sont alignées lesfaïences ornées de fleurs et de sujets. Derrière lecomptoir, les bouteilles rangées sur la fenêtre colo-rent la lumière qui les traverse de chaude nuance,et voici, éparpillés, les reflets verts par la menthe,jaunes par le sirop de citron, rouges par le cassisou la groseille. La ménagère surveille la grande marmite quibout; des femmes, des amies et des voisines sontentrées se chauffer un instant comme elles passaientdevant la porte en allant faire leurs provisions. Oncause. Tout près du feu, une toute petite femme. LE VIEUX MONTMARTRE 121 endort sur ses genoux un poupon dont la bonnetête réjouie semble bien plus grosse que le finvisage de sa maman. Il ny a pas longtemps elleportait un surnom dinsecte des champs et un grandchapeau rouge; elle déambulait sur la Butte, insou-ciante, gaie, toujours chantant, sautant, dansant;elle était la joie des étudiants et des rapins, et puisde soudaines circonstances en ont faite une bientranquille petite mère de famille. Une voisine vient,en courant, montrer un beau corsage des dimanchesquelle vient de terminer. Chacune donne son avis;on parle chiffons. La porte souvre de nouveau etdans un courant dair glacé, entre, tout enveloppéede fourrures, la maîtresse dun peintre qui ajoute àla discussion ses opinions sur les choses et les la pendule que, par hasard, quelquun re-garde, indique de son aiguille noire tout le tempsquon vient de perdre en paroles vaines et, dans lefroid et la neige, chacune sen retourne à ses occu-p


Size: 1252px × 1995px
Photo credit: © The Reading Room / Alamy / Afripics
License: Licensed
Model Released: No

Keywords: ., bookcentury1900, bookdecade1910, bookidlevieuxmontm, bookyear1915