La nouvelle Héloise, ou Lettres de deux amans habitans d'une petite ville au pied des Alpes: recueillies et publiées . vis avec furprifeta confine sapprocher de moi , & dunair plaifamment fuppliant, me deman-der un baifer. Sans rien comprendre à cemyftère , jembrafTai cette charmanteamie , & route aimable , route piquantequelle eft, je ne connus jamais mieux,que les fenfationsne font rien que ce queJe cœur les fiiit être. Mais que devins-je un moment après , quand je fentis la main me tremble un doux fré- miiï ta bouche de rofes la bouche de fe pofer , fe pref-fer fur la mie


La nouvelle Héloise, ou Lettres de deux amans habitans d'une petite ville au pied des Alpes: recueillies et publiées . vis avec furprifeta confine sapprocher de moi , & dunair plaifamment fuppliant, me deman-der un baifer. Sans rien comprendre à cemyftère , jembrafTai cette charmanteamie , & route aimable , route piquantequelle eft, je ne connus jamais mieux,que les fenfationsne font rien que ce queJe cœur les fiiit être. Mais que devins-je un moment après , quand je fentis la main me tremble un doux fré- miiï ta bouche de rofes la bouche de fe pofer , fe pref-fer fur la mienne , & mon corps ferrédans tes bras ? Non , le feu du ciel neftpas plus vif ni plus prompt queceluiquivint à rinftant membrâfer. Toutes lesparties de moi-même fe ralTemblerentfous ce toucher délicieux. Le feu sexha-loit 5 avec nos foupirs,de nos lèvres brû-lantes ,& mon cœur fe mcuroit fous lepoids de la volupté.... quand tout-à-coupje te vis pâlir , fermer tes beaux yeux,tappuyerfur ta coufme,& tomber en dé-faillance. Ainfi la frayeur éteignit le plai- Ihnl ? I leprcnîsci-ll*33fcr aciamoin: H É L O ï s E, 143 (îr, & mon bonheur ne fiu quun é peine fais je ce qui meft arrivé de-puis ce fatal moment. Limpreflion pro-fonde que jai reçue ne peut plus seffa-cer. Une faveur ceft un tourment horrible !... Non \ garde i^s baifers, je ne les faurois fupporter ils font trop acres, trop pénérrans , ils percent , ilsbrûlent jufquà la ils me ren-droient furieux. Un feul , un feul majeté dans un égarement dont je ne puisplus revenir. Je ne fuis plus le mcme,&:ne te vois plus la même. Je ne te voisplus comme autrefois réprimante & fé-vere j mais je te fens & te touche fansceiïe unie à mon fein , comme tu fus uninftant. O Julie ! quelque fort que man-nonce un rranfport dont je ne fuis plusmaître , quelque traitement que ta ri-gueur me deftine, je ne puis plus vivredans létat où je fuis , & je fens quil faut enfin que jexpi


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