. Marie, ou, le Mouchoir bleu . lesmêmes raies blanches. Jai eu lafaiblesse de le prendre et de le mettredans mon sac. Je suis descendu dansla rue: je me repentais; jallais re-venir à la maison, quand cette damea couru après moi. On a trouvé lemouchoir : voilà la vérité. La capitu-lation veut quon me fusille. Faites-moi fusiller, mais ne me méprisezpas. )> Les juges ne pouvaient cacher leurémotion. Cependant, lorsquon alla aux - 10 - voix, il fut condamné à mort à luna-nimité. Il entendit larrêt avec sang-froid; puis, s approchant de son capi-taine, il le pria de lui prêter quatrefrancs. Le
. Marie, ou, le Mouchoir bleu . lesmêmes raies blanches. Jai eu lafaiblesse de le prendre et de le mettredans mon sac. Je suis descendu dansla rue: je me repentais; jallais re-venir à la maison, quand cette damea couru après moi. On a trouvé lemouchoir : voilà la vérité. La capitu-lation veut quon me fusille. Faites-moi fusiller, mais ne me méprisezpas. )> Les juges ne pouvaient cacher leurémotion. Cependant, lorsquon alla aux - 10 - voix, il fut condamné à mort à luna-nimité. Il entendit larrêt avec sang-froid; puis, s approchant de son capi-taine, il le pria de lui prêter quatrefrancs. Le capitaine les lui donna. Je le vis ensuite qui savançait versla femme, à qui lon avait rendu lemouchoir bleu, et jentendis ces mots :« Madame, voilà quatre francs : je ne saissi votre mouchoir vaut plus; mais,quand cela serait, je le paie assez cherpour que vous me fassiez grâce dureste. » Reprenant alors le mouchoir, il lebaisa et le donna au capitaine. « Mon offi-cier, lui dit-il. dans deux ans von? re-. — 11 - tournerez à nos montagnes; si vousallez du côté dAreneberg, demandezMarie : remettez-lui ce mouchoir bleu,mais ne lui dites pas comment je laiacheté. Ensuite il sagenouilla, priaDieu et marcha dun pas ferme ausupplice. Je méloignai alors et jentrai dansle bois pour ne pas voir la fin de cettecruelle tragédie. Quelques coups defusil mapprirent bientôt quelle étaitterminée. Je revins une heure après : le régi-ment sétait éloigné, tout était calme:mais en suivant le bord du bois pourregagner la route, japerçus à quelques - 12 — pas devant moi dos traces de sanget une butte de terre fraîchementremuée. Je pris une branche de sapin,jen fis une espèce de croix, et jela plaçai sur la tombe du pauvrePiter, oublié maintenant de tout lemonde, excepté de moi et peut-être deMarie.
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