Œuvres illustrées de George Sand . lheure où la reine de lAdriatique, semblableà une beauté qui se couvre de diamants pour le bal,commençait à silluminer, et les guirlandes de feu se ré-pélaient dans les ondes calmes et muelles, comme dansun miroir habiUié à ladmirer. «Tu fais abus des mois, ami Barlolomeo, sécria lejeune Valerio en donnant un grand coup de rame dansleau phosphorescente, et en faisant jaillir un pâle éclairautour des flancs noirs de la barque. La plus ardente desjouissances humaines, cest lamour ; la plus sensible,cest lamitié ; la pins âpre , cest en effet la gloire. Maisqui


Œuvres illustrées de George Sand . lheure où la reine de lAdriatique, semblableà une beauté qui se couvre de diamants pour le bal,commençait à silluminer, et les guirlandes de feu se ré-pélaient dans les ondes calmes et muelles, comme dansun miroir habiUié à ladmirer. «Tu fais abus des mois, ami Barlolomeo, sécria lejeune Valerio en donnant un grand coup de rame dansleau phosphorescente, et en faisant jaillir un pâle éclairautour des flancs noirs de la barque. La plus ardente desjouissances humaines, cest lamour ; la plus sensible,cest lamitié ; la pins âpre , cest en effet la gloire. Maisqui dit âpre dil poignant, terrible et dangereux. — Mais ne peut-on dire aussi que celle âpre jouissanceest la plus élevée de toutes? reprit Francesco avec dou-ceur. — Je ne saurais le penser, répondit Valerio. Ce quil ya de plus doux, de plus noble et de plus bienfaisant dansla vie, cest daimer, cest de sentir cl de concevoir lebeau idéal. Voilà pourquoi il faut aimer tout co qui sen LES jrAlTRES MOSAÏ rapproche, le rêver sans cesse, le chercher partout, et leprendre tel quon le trouve. — Cest-à-dire , répliqua Francesco , embrasser devains fantômes, saisir de pâles rellets, fixer une ombreincertaine, adorer le spectre de ses propres illusions;cela sappelle-t-il jouir et posséder? — Mon frère, si tu nétais pas un peu malade, ditValerio, tu ne parlerais pas ainsi. Lhomme qui désireen cette vie mieux que cette vie est un orgueilleux quiblasphème ou un ingrat qui souffre. Il y a dassez grandesjouissances pour quiconque sait aimer. Ny eùt-il quelamitié sur la terre , lhomme naurait pas le droit de seplaindre. Neussé-je que toi au monde, je bénirais encorele ciel. Je nai jamais imaginé rien de meilleur, et, siDieu meût permis de me créer un frère, je naurais purien créer daussi parfait que Francesco. Va, Dieu seulest un grand artiste ! et ce que nous lui demandons dansnos jours de folie ne vaut pas ce quil nous donne dansson imm


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