Collection complete des oeuvres de , citoyen de Geneve . le loag dune file de rochers efcarpés où lon ne trouveplus dafyle. Nous nous mîmes tous aux rames , & prefque au mêmeinftant jeus la douleur de voir Julie faifie du mal de cœur,foible & défaillante au bord du bateau. Heureufement elleétoit faite à leau & cet état ne dura pas. Cependant nosefforts croiffoient avec le danger; le foleil, la fatigue & lafueur nous mirent tous hors dhaleine &c dans un épuifementexceffif. Cefè alors que retrouvant tout fon courage Julieanimoit le nôtre par fes careffes compatiffantes ; elle nousefîa


Collection complete des oeuvres de , citoyen de Geneve . le loag dune file de rochers efcarpés où lon ne trouveplus dafyle. Nous nous mîmes tous aux rames , & prefque au mêmeinftant jeus la douleur de voir Julie faifie du mal de cœur,foible & défaillante au bord du bateau. Heureufement elleétoit faite à leau & cet état ne dura pas. Cependant nosefforts croiffoient avec le danger; le foleil, la fatigue & lafueur nous mirent tous hors dhaleine &c dans un épuifementexceffif. Cefè alors que retrouvant tout fon courage Julieanimoit le nôtre par fes careffes compatiffantes ; elle nousefîayoit inditinflement à tous le vifage , & mêlant dans unvafe du vin avec de leau de peur divreffe, elle en offroicalternativement aux plus épuifés. Non, jamais votre adorableamie ne brilla dun Ci vif éclat que dans ce moment où lachaleur &c lagitation avoient animé fon teint dun plus grandfeu, & ce qui ajoutoit le plus à fes charmes étoit quon voyoicfi bien à fjn air attendri que tous {^s foins venoiexit moins. T. H »™. . H E L O I s E. IV. Partie. 175 de frayeur pour elle que de compafîîon pour nous. Un infiantfeulement deux planches sétanc entre-ouvertes dans un chocqui nous inonda tous , elle crut le bateau brifé, & dans uneexclamation de cette tendre mère jentendis diflinciement cesmots : O mes enfans ! faut-il ne vous voir plus ? Pour moidont limagination va toujours plus loin que le mal, quoiqueje connuffe au vrai létat du péril, je croyois voir de momenten moment le bateau englouti, cette beauté fi touchante fedébattre au milieu des flots, ôc la pâleur de la mort ternirles rofes de fon vifage. Enfin à force de travail nous remontâmes à Meillerie, ôcaprès avoir lutté plus dune heure à dix pas du rivage, nousparvînmes à prendre terre. En abordant, toutes les fatiguesfurent oubliées. Julie prit fur foi la reconnoifTance ce tous lesfoins que chacun sétoit donnés, & comme au fort du dangerelle navoit fongé quà nous, à ter


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